Pour redynamiser le secteur

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Le secteur des Travaux publics au niveau de la wilaya de Bouira est à la traîne. C’est un fait que personne ne peut nier. Les défaillances des entreprises réalisatrices s’entremêlent avec les oppositions des citoyens, le tout dans un climat de laxisme des autorités. Et afin de débloquer la situation et tenter de redynamiser le secteur qui est quasiment à l’arrêt, le ministre des Travaux public, M. Abdelkader Kadi, est attendu, aujourd’hui, à Bouira. Et le moins que l’on puisse dire, est que le ministre aura du pain sur la planche. Au menu de sa visite, l’inspection de plusieurs projets en latence. Parmi eux, on citera trois grands projets qui posent un réel problème, à savoir la mise à niveau du tronçon autoroutier Bouira-Lakhdaria sur une distance de 33 kilomètres, le dédoublement entre Bouira et Sour El Ghozlane et les travaux de la pénétrante d’Ahnif. Des dossiers sensibles, où le ministre devra faire preuve d’intransigeance pour ne pas dire de sévérité à l’égard des responsables des dits projets.

La mascarade continue

Tout d’abord, le projet de la mise à niveau du tronçon Bouira-Lakhdaria est une véritable «  mascarade », selon les propres termes du ministre. En effet, cette portion d’autoroute que d’aucun qualifie de « travail bâclé » et qui, pour rappel, a été inaugurée en 2008, est dans un état tel qu’elle n’est pas en mesure d’assurer la sécurité routière au flux incessant d’automobilistes qui l’empruntent. Ainsi, les crevasses et autres nids de poules y sont légion et constituent un réel danger pour les usagers. D’ailleurs, à certains endroits, cette route est littéralement impraticable. Devant l’état «désastreux» de cette partie de l’autoroute Est-ouest, les pouvoirs publics avaient annoncé en septembre 2012, une réhabilitation pour une durée initiale qui ne devait pas excéder les 15 mois. Cependant et 24 mois plus tard, ce chantier piétine et ne cesse de faire couler beaucoup d’encre. Les différents acteurs de ce projet, dont on ne connaît toujours pas le montant, ont été tour à tour, pointés du doigt aussi bien par le wali de Bouira que par le ministre. Le premier magistrat de Bouira s’est, pour rappel, emporté contre les «négligences» de l’ANA. Le ministre a, quant à lui, critiqué l’entreprise ETRHB Haddad, mais au final c’est Altro qui verra son contrat résilié. Le «départ» de cette entreprise n’empêchera pas la mascarade de continuer. Les travaux déjà entamés ont eu un résultat plus que discutable. À certains endroits, c’est carrément du rafistolage qui a été constaté.

 

4 milliards de dinars et des retards

Le ministre devra également effectuer une halte au niveau du projet de dédoublement de la route reliant Bouira à Sour El Ghozlane, sur une distance de 31 kilomètres. Là encore, M. Kadi sera confronté à des retards parfois inexpliqués. D’ailleurs, le premier responsable de la wilaya a souligné à d’innombrables reprises, ces retards. «Ce chantier connaît un retard considérable. Vous n’avez pas su profiter des conditions climatiques favorables. Comment allez-vous travailler en hiver? C’est inacceptable !» s’est exclamé M. Maaskri lors de sa visite effectuée sur le chantier au mois d’octobre dernier. A noter que ces travaux ont très peu avancé depuis la dernière visite de M. Maaskri. Et comble de l’absurde, les pelleteuses et autres engins de travaux étaient, il y a quelques jours de cela, carrément à l’arrêt. Pour rappel, initialement, ce dédoublement devrait être réceptionné au premier semestre de l’année prochaine. Néanmoins, le faible taux d’avancement des travaux, qui est de l’ordre de 45%, rend cette échéance quasi-impossible à tenir. Seul point positif qui devrait être sûrement mis en exergue par les autorités locales, c’est la réception d’une première tranche de 10 kilomètres. Mais en tout état de cause, le ministre devrait «recadrer» les choses, car il est plus qu’inquiétant qu’un tel projet, considéré comme structurant et d’un montant de plus de 4 milliards de dinars, connaisse un tel retard.

Le blocage persiste à Ahnif

Enfin, le dernier point et non des moindres qui devrait faire l’objet d’une attention toute particulière de la part du ministre, est celui relatif au projet de la pénétrante d’Ahnif. Ce projet, faut-il le rappeler, est bloqué par pas moins de 250 propriétaires terriens, expropriés qui jugent leurs indemnités dérisoires. Pour ainsi dire, c’est un «frein» considérable pour l’essor économique et touristique pour toutes les régions. Ce litige qui s’ajoute aux retards à répétition, aggrave la situation qui est déjà alarmante. À terme, ce projet devrait relier la commune d’Ahnif, dans la wilaya de Bouira, au port de Béjaïa sur une distance de 100 kilomètres linéaire. Cependant et avec un taux d’avancement qui peine à atteindre les 30% et au rythme actuel des travaux, autant dire que ce projet n’est pas prêt de voir le jour. Il y a lieu de souligner que cette pénétrante s’inscrit dans la vallée de la Soummam sur les 80 premiers kilomètres, et dans la vallée de l’Oued Sahel pour le reste du tracé. Lors de sa dernière visite à Bouira, M. Kadi s’est montré conciliant avec les propriétaires, en déclarant : «L’Etat ne souhaite léser personne. Tous ceux qui s’estiment lésés par le prix de l’indemnisation peuvent saisir les domaines ou au pire des cas, la justice. (…) Des efforts doivent être faits de part et d’autres (…) Je suis venu à votre rencontre avec l’intime conviction que vous êtes des gens pourvus de sagesse. Et je ne me suis pas trompé. Vos terres et vos arbres seront indemnisés à leur juste valeur, mais il faut que vous compreniez que tout le monde doit agir dans le respect total de la loi». Néanmoins, ces déclarations, aussi apaisantes soient-elles, n’ont pas convaincu les propriétaires. Aujourd’hui, M. Kadi devra trouver une autre solution afin de débloquer ce projet.

Ramdane Bourahla

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