Mohia revient cette semaine

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Les 6èmes journées théâtrales en hommage au dramaturge Mohia seront organisées du 05 au 07 décembre, au niveau des différentes structures culturelles de la wilaya de Tizi-Ouzou.

Cet événement qui coïncide avec le dixième anniversaire de la disparition du fondateur du théâtre d’expression amazighe est à l’initiative de la direction de la culture en collaboration avec l’APW, le village Ait Erbah et l’APC d’Iboudrarène. À cette occasion, il sera procédé à la remise des prix aux heureux lauréats du «prix Mohia d’or de la meilleure dramaturgie». Au menu de cet hommage, une exposition photos et des articles de presse retraçant la vie et l’oeuvre de l’artiste seront dressés au niveau du hall d’exposition de la Maison de la culture. Un recueillement et dépôt de gerbe de fleurs sur la tombe du dramaturge au village Ait Erbah, dans la commune d’Iboudrarène, est aussi au programme de la journée du samedi 6 décembre. Dans l’après midi de la même journée, un récital poétique intitulé «Mazal L’kir Ar Zdat», tiré de l’oeuvre poétique de Mohia, sera présenté par Nouredine Ait Slimane au niveau du petit théâtre de la Maison de la culture. Les planches du théâtre régional qui porte le nom de l’autre monstre sacré du théâtre algérien, en l’occurrence Kateb Yacine, accueilleront une représentation théâtrale de la pièce «Moh Uperpuc» de Mohia qui sera proposée par l’association culturelle Tigjdit d’Aït Oumalou. Une conférence-débat sera au programme de la journée du dimanche 07 décembre au niveau de la Maison de la culture et cette fois, elle sera animée par Saïd Chemakh et Hacène Halouane, respectivement enseignant au département de langue et culture Amazighes et au département de langue et culture française à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Ces journées s’achèveront par la remise des prix aux lauréats du «Prix Mohia d’Or de la meilleure dramaturgie». Feu Muhend u Yehya ou Mohia, de son vrai nom Abdellah Mohia, est originaire du village Ath Eurbah dans la commune d’Iboudrarène. Ce père fondateur du théâtre d’expression Amazigh naquit un 1er novembre 1950 à Azazga. Cet homme de lettre et de culture a, par son œuvre monumentale, grandement contribué au rayonnement et la promotion de Tamazight. Il fit des études techniques brillantes qui ne le prédestinaient nullement aux lettres, agrégé en mathématique à l’université d’Alger en 1972. C’est en exil qu’exposera sa créativité artistique au contact d’un groupe d’amis et à travers des ateliers de traduction et d’adaptation. Il fut également très imprégné des cours de berbère dispensés par l’illustre homme de lettre et de culture que feu Mouloud Mammeri. Il fit ses premiers pas comme poète et plusieurs de ses textes seront interprétés par d’innombrables artistes kabyles, entre autres, Idir, Ali Ideflawen, Malika Doumrane, Takfarinas, Slimane Chabi…etc. Passé maître dans l’art du théâtre et de la traduction vers la langue Tamazight dans le but de la vulgarisé et de mettre à la portée de monsieur tout le monde des œuvres de grands noms du théâtre universel, il traduira entre autres, «En attendant Godot » (Am win yettrajun Rebbi) de Samuel Beckett, «La décision » (Aneggaru a d-yerr tawwurt), et «L’exception et la règle» (Llem-ik, Ddu udar-ik) de Bertolt Brecht, «La Jarre» (Tacbaylit) de Luigi Pirandello, «Le médecin malgré lui» (Si Lehlu) et «Tartuffe» (Si Pertuf) du Grand Molière, «Le Ressuscité» (Muhend U Caâban) de l’écrivain chinois Lu Xun, «La farce de maître Pathelin» (Si Nistri) d’un auteur français anonyme, «Pauvre Martin» (Muhh n Muhh) de Georges Brassens, «Les émigrés» (Sin-nni) de l’écrivain polonais Slawomir Mrozek…etc. Le dramaturge tirera sa révérence un 7 décembre 2004 à l’âge de 54 ans dans un hôpital parisien des suites d’un cancer, laissant derrière lui une œuvre monumentale dont une inachevée, celle de « Platon».

Karima Talis

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