Ouverture d’un bureau d’écrivain public

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C’est une première dans la daïra de Chemini ; un écrivain public a récemment ouvert un bureau au chef-lieu de la commune. L’initiative du dénommé M.C. Abid, universitaire et de surcroît licencié en sciences juridiques, ayant à son actif plusieurs années d’expérience dans le domaine administratif, se veut d’accompagner les administrés trouvant des difficultés de rédaction ou ne maîtrisant guère ce volet. Par définition, «l’écrivain public est une personne qui fait profession de rédiger des textes pour le compte de ceux qui ne savent pas écrire ou qui écrivent avec difficulté». En grosso modo, lesdits rédacteurs remplissent des documents, prodiguent des conseils, orientent et assistent administrativement les personnes. Toutefois, cette activité n’est pas comme les autres, ayant pignon sur rue. Les sobriquets ne manquent pas à l’appel en évoquant le métier d’écrivain public. Scribouillard, gratte-papier,… autant de qualificatifs qu’endosse celui qui a, de tout temps, été à l’écoute des «moins instruits». Il faut rappeler que la fonction d’écrivain public remonte à la nuit des temps. De facto, son existence est tributaire du degré d’instruction et de l’état de développement scientifique et technique des sociétés. Néanmoins, la valeur ajoutée apportée par ces rédacteurs au service public n’est pas valorisée telle qu’il se doit. «Il existe une confusion au niveau de la dénomination de la profession d’écrivain public. Est-ce une activité commerciale ou une profession libérale ?», s’interroge, M.C. Abid. Et d’ajouter : «Rien que pour avoir l’autorisation d’ouvrir un bureau, cela dénote d’un véritable chemin de croix». Cette activité est régie par une circulaire ministérielle n° 70/42 du 18 septembre 1970. À ce jour, elle n’est ni modifiée ni révisée. Un frein de plus pour une profession où les demandeurs ne se bousculent pas au portillon. Il y a lieu de signaler que même le barème des tarifs de rédaction est indexé sur les années 70. Selon ledit barème, une requête administrative manuscrite est facturée à 0,90 dinar. Un tarif anachronique aux antipodes de la réalité économique et sociale actuelle. Les professionnels de cette activité ne se fient guère à cette tarification, appliquant ainsi des tarifs plus au moins conventionnels. Avec une population avoisinant les 16 000 âmes, en sus, les personnes ne maîtrisant pas la langue de Molière ni celle d’El Moutanabi sont légion dans la région, sans omettre la frange de retraités, notamment ceux ayant travaillé de l’autre côté de la rive méditerranéenne. L’ensemble de ces administrés fera forcément recours aux services dudit écrivain public, fraîchement installé dans leur localité. «Accompagner cette frange de la population constitue, avant tout, un geste de solidarité qui ne fera qu’assouvir un tant soit peu les tracasseries liées à la paperasserie», confie notre interlocuteur.

Bachir Djaider

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