Mohamed Sahnoune tire sa révérence

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La nouvelle de la mort de Mohamed Sahnoune, survenue à la mi-journée du jeudi passé au service de chirurgie de l’hôpital « Mustapha Pacha » d’Alger, se répandit immédiatement comme une traînée de poudre à travers tout le territoire national ainsi qu’à l’étranger. Cet ancien moudjahid de la fédération de France, ex fonctionnaire de la police dans le 2ème,7ème,15ème et 8ème arrondissements et enfin Cavaignac avant de prendre sa retraite le 15/09/1988, sera président de l’association sociale du village de Tighilt-Oukerrouche (M’Kira) Ainsi, bien avant le coucher du soleil, plusieurs familles et d’autres villageois rallièrent le village pour assister à ses funérailles et pour jeter un dernier regard sur la dépouille de celui qui fut toujours un exemple de droiture, un conseiller et un médiateur qui savait trouver la juste solution aux problèmes qui surgissent entre les personnes d’une même famille, sans jamais prendre partie. Cette foule nombreuse est venue également rendre un dernier hommage à celui qui n’avait jamais coupé les liens avec ses racines bien que résidant et travaillant dans la capitale. «El Hadj Mouhouche N’Slimane a été toujours présent au village pour toutes les fêtes et dans toutes les circonstances tant heureuses que douloureuses et n’avait jamais à aucun moment failli à ses obligations envers ses vieux oncles jusqu’à leur mort. Et c’est tout naturellement qu’il avait décidé de construire sa maison et de s’y établir après sa retraite bien méritée pour s’occuper de son jardin et de l’association sociale du village», nous confient plusieurs villageois. Le défunt a eu la chance de suivre une bonne scolarité à l’école du village et ce bien qu’il se retrouve, à l’âge de treize ans, orphelin de mère. Néanmoins, il sera pris en charge par une parente à Alger au quartier «La carrière», près de Bab-El-Oued où il apprendra à se débrouiller pour gagner sa vie dans ce quartier habité par les pieds-noirs tout en faisant des projets audacieux. En effet, à quinze ou seize ans, outre qu’il voulait devenir boxeur en s’inscrivant dans un club, il n’arrêtait pas de roder aux environs du port d’Alger où plusieurs hommes du patelin travaillaient comme dockers. Ce qui intéressait l’adolescent, c’était, surtout de prendre le large en se faufilant à l’intérieur d’un des navires amarrés sur les quais. Ce qui l’emmena évidemment un jour sur l’autre rive, à Marseille. Parlant couramment le Français, ayant un beau physique et s’habillant mieux que beaucoup d’enfants de colons de son âge, le jeune Mouhouche ne trouva pas de difficultés à retrouver quelques jours plus tard son père et son frère aîné à Paris. Il ne tardera pas à être embauché dans une blanchisserie comme il ne tardera pas à attirer sur lui la sympathie des autre émigrés dont, inévitablement, les militants du FLN d’autant plus que ce jeune plein de fougue et de surcroît lettré s’avéra être une bonne recrue . Ainsi, outre son travail dans la blanchisserie, c’est à une autre tâche qu’il doit s’adonner encore pour la lutte pour la libération en participant aux activités de sa cellule mais comme les services de police français surveillaient tout, il fut pour la première fois arrêté et condamné à dix huit (18)mois de prison à la prison de Fresnes dans le quartier réservé aux mineurs. A sa sortie de prison, les responsables FLN de la fédération de France décident de l’affecter à l’Est, dans la région de Longwy où résident la plupart des gens de M’Kira et d’autres localités de la Kabylie en lui confiant plusieurs responsabilités. Il mènera plusieurs actions avec son groupe «commandos»avant d’être arrêté et conduit au camp de Thol, situé à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Lyon. Il sera ensuite transféré quelques mois avant la signature des accords d’Evian, vers le camp du Larzac. Transféré au camp de Béni Messous puis au Camp du Maréchal, il sera libéré à l’indépendance. A l’indépendance, il n’hésite pas une minute à rejoindre les rangs de la police nationale et se rendra en France, à la fin de l’année 1962 pour rejoindre, celle qui l’avait attendue durant sa détention, une jeune militante également de la fédération de France, une Chaouia de Batna qu’il épousera. Il reviendra avec elle à Alger où ils vécurent et eurent quatre enfants. Le couple fera dernièrement la visite aux lieux saints de l’islam suite à quoi, ils donnèrent une grande réception, en leur domicile du village, le 18 octobre dernier. Quelques jours après, il repart à Alger pour y être hospitalisé. Repose en paix Ammi l’Hadj !

Essaid Mouas

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