La filière de la pomme de terre est en déclin dans la wilaya de Tizi-Ouzou. C’est ce qu’a souligné hier, Sid Ahmed Chebah, chef de service de production à la direction de l’agriculture locale. Mettant en avant la baisse de la production prévue cette année, le responsable plaide pour une « agriculture spécialisée ».
La filière de la pomme de terre a été marquée cette saison par la diminution de la superficie plantée. Et les prévisions pour la récolte de l’arrière saison sont tout autant en baisse et modérées. En effet, et d’après Sid Ahmed Chebah, la production de pomme de terre prévue cette année à Tizi-Ouzou ne dépasserait pas la moitié de celle enregistrée la saison écoulée. En effet, sur les 278 ha cultivés cette année, l’on prévoit une récolte de quelques 58 000 quintaux seulement, souligne le même responsable qui précise que la récolte n’est pas encore entamée contrairement à d’autres régions du pays. Notre interlocuteur rappellera en effet qu’en 2013, les 575 hectares cultivés avaient assuré une production de 117 570 quintaux. Une baisse que le responsable explique par l’arrivée en retard des pluies nécessaires pour la pomme de terre. Par ailleurs, il expliquera que d’autres facteurs, cette fois-ci d’ordre technique, interviennent dans ce recul de la production. Il s’agit du manque d’engrais et des produits de traitements qui sont, de ce fait, acquis à de forts prix par les agriculteurs. Le responsable met également en avant l’absence voire l’inexistence de la main d’œuvre nécessaire à ce genre de culture. Le manque de moyens et de chambres froides sont tout autant de raisons qui font que la pomme de terre est affichée de plus en plus chère sur les étals des marchés. M. Chebah affirme néanmoins que la baisse de la production locale n’est pas automatiquement synonyme de hausse des prix de la pomme de terre. Il affirme que dans le cadre de la mise en application des nouvelles dispositions du ministère de l’Agriculture pour l’octroi d’une aide pour les agriculteurs afin d’acquérir des chambres froides, une demande a déjà été enregistrée au niveau de la direction. Ceci, ajoute le responsable « au moment où un travail de sensibilisation et d’information est réalisé à l’égard des agriculteurs notamment à destination des grands producteurs de la région. Pour le prix de la pomme de terre qui continue de monter, Sid Ahmed Chebah explique que cette réalité est plus le résultat de « l’absence d’un marché organisé pour la commercialisation de la pomme de terre ». La production de pomme de terre est par ailleurs une filière « à risque » qui regroupe de moins en moins d’adeptes à Tizi-Ouzou. Et c’est tant mieux d’ailleurs pour l’agriculture locale, semblait dire Sid Ahmed Chebah, chef de service de production à la DSA locale. Lui plaide en effet pour une agriculture spécialisée, basée notamment sur les spécificités de la région. D’autant plus, dira-t-il, que la pomme de terre n’est pas une spécialité locale, Tizi-Ouzou étant classée à la 25ème place nationale en termes de production du tubercule. Citant la région de Fréha où les agriculteurs investissent désormais dans les forages et l’élevage bovin notamment, au lieu de la plantation de la pomme de terre, il dira : « Mieux vaut investir dans les filières qu’on peut maîtriser, comme la production laitière, que d’investir là où on n’est pas spécialisé ». Une manière d’éviter aux agriculteurs de faire face à d’éventuelles grosses pertes.
T. Ch.

