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Impressions des festivaliers

ll Amine Zaoui (romancier, directeur de la Bibliothèque nationale)“Le festival a pu réaliser une chose très importante : l’accumulation de la tradition culturelle qu’est le cinéma. Une tradition un peu absente en Algérie. Le festival, dans sa sixième édition, a permis de sortir de la culture du slogan à la culture de l’artiste. Il a pu réunir des amateurs, des professionnels et des étudiants dans le domaine. C’est une rencontre artistique et musicale. Le Festival a pu être un point de rendez-vous, devenu annuel. Les amateurs de cinéma attendent ce rendez-vous avec impatience. Cette édition a été une occasion pour présenter une nouvelle génération de réalisateurs et d’acteurs du film amazigh.”ll Saïd Zanoun (auteur de scénarios à la Chaîne kabyle de radio) :“Je suis content d’être venu pour participer à ce Festival parce que cette rencontre a regroupé dix-sept candidats. Il y a donc dix-sept bonnes idées. Il doit y avoir le fond et la forme, qui vient par le métier. Je dis que le génie existe ici, chez nous. Il faut le développer et ouvrir le chemin vers la réussite du cinéma. Le cinéma amazigh commence à montrer un petit peu ses dents. J’en suis fier, car il faut qu’il y ait une relève. On ne construit pas une maison en un jour. Le festival permet d’abord de se faire connaître des gens de culture et d’élargir ses connaissances.”ll Sid Ali Mazif, réalisateur professionnel : “Un tel festival est nécessaire pour faire découvrir les jeunes talents qui existent en Algérie. Il est normal que les jeunes cinéastes programment leurs travaux au sein de manifestations de ce genre, afin qu’ils évaluent leurs films et ceux de leurs camarades. Ça permet d’honorer et d’encourager le travail de jeunes cinéastes pour les stimuler à continuer. Peut-être que demain, ils seront des professionnels dans le monde entier. Le niveau est assez faible, il faut bien le reconnaître. Mais avec les ateliers de formation, avec l’expérience et le temps, les jeunes dans la mesure où ils font des efforts et écoutent les conseils des anciens, vont se perfectionner et atteindront le niveau requis pour présenter un travail de qualité.”ll M. Aït Ouméziane, directeur général du Centre national de la cinématographie et de l’audiovisuel (CNCA) :“Le niveau des films que nous avons visionnées est assez faible. Il y a toutefois des jeunes qui ont la touche. Avec ce genre de manifestations, ils peuvent améliorer leur niveau. Il faut à ces réalisateurs des stages. Ils doivent se rapprocher des ancien réalisateurs pour apprendre réellement le travail cinématographique sur le terrain. Le festival permet aux jeunes amateurs de rencontrer un réalisateur comme Sid Ali Mazif. Déjà, c’est un avantage. Dans notre centre, les portes sont ouvertes aux jeunes réalisateurs.” ll Mohamed Bensalah (réalisateur-auteur d’un livre sur le cinéma méditerranéen) : “C’est une rencontre décisive et importante puisqu’elle est unique à travers le monde. Elle se pérennise. Progressivement, elle deviendra une manifestation d’envergure. Ce qui la caractérise, c’est d’abord sa mobilité. Ce festival réveille la léthargie ambiante au niveau de chaque ville visitée. Les dysfonctionnements sont assez nombreux. Quand on sait le peu de productions nationales dans ce domaine, je crois qu’il vaut mieux laisser ce festival s’organiser tous les deux ans. Il faut aussi qu’il y est beaucoup plus de rigueur dans le choix des films. Puis, les catégoriser par genres. Une fiction et un reportage ne nécessitent pas le même effort. Les organisateurs n’ont pas choisi la facilité. C’est une mission assez difficile que d’organiser un tel événement. Les organisateurs déploient des efforts extraordinaires pour que cette manifestation se maintienne. Les autres institutions officielles doivent aider non seulement financièrement, mais aussi moralement. Ce festival est un bébé qui essaye d’avancer. Les autorités locales qui reçoivent le festival doivent faire un peu plus d’efforts que ceux constatés au niveau de Ghardaïa. Ils devraient même s’impliquer. Et qu’on voit plus de gens de l’administration, un peu plus de monde et surtout des citoyens de la ville hôte. Or, actuellement, mis à part quelques exceptions, on s’est retrouvé quasiment seuls.ll Hamid Bilek (organisateur HCA) : “Il est important de positiver pour avancer. Le festival est encore jeune. Nous sommes conscients des insuffisances. Nous faisons de notre mieux pour les surmonter. Dans l’ensemble, le Festival de Ghardaïa est une réussite, il a tenu toutes ses promesses, surtout par les projections, l’intérêt se situe surtout dans la teneur des débats suscités par les projections. Le volet formation est très important. Il faut préparer les jeunes d’aujourd’hui à prendre en mains le cinéma amazigh, le développer pour qu’il devienne un vrai instrument éducatif et de rayonnement de la culture amazighe. La qualité des films projetés est encourageante, quand on sait que les moyens font défaut.

Propos recueillis par A. M.

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