Devant le chômage et la misère qui prennent de l’ampleur chaque jour un peu plus dans la merveilleuse ville de Ziama Mansouriah, située à une cinquantaine de kilomètres à l’extrême ouest de la wilaya de Jijel, des citoyens fuyant le terrorisme s’accrochent miraculeusement à la vie, dans une région complètement livrée à la providence, et subsistent grâce à leur canne à pêche qui demeure le seul moyen pour se nourrir.De Taza à l’est, jusqu’à la plage rouge à l’ouest, zone frontalière avec la wilaya de Béjaïa, des pères de familles “accostent” très tôt le matin au niveau des plages, des cannes à pêche en roseau à la main, munis de quelques provisions pour tenir le coup durant la journée et tentent, tant bien que mal, de ramasser quelques fruits de mer (produits halieutiques) qu’ils revendent au marché local aux fins de faire vivre leur famille.Questionnés, Madjid et ses camarades n’ont pas caché leur grande tristesse quant à la situation sociale désastreuse qui prévaut dans la région depuis près de deux décennie. “La situation est vraiment explosive. La majorité des familles n’a aucun revenu. C’est grâce à ce roseau (à la main) que je fais vivre mes enfants”, nous a déclaré l’un d’eux et d’ajouter : “De toute manière, nous sommes à une époque où personne ne se soucie de l’autre. Débrouille toi pour vivre !”Pour d’autres cas de débats politiques, l’essentiel est que la mer continue d’être généreuse : “Elle nous accueille tous les matins sans correspondance, ni demande d’audience ou de rendez-vous au préalable (…) sans aucun sou en poche, elle nous procure la pitance sans laquelle beaucoup d’entre nous auraient, sans aucun doute, recouru à la manche, dans une période où le mot “pitié” n’est pas vraiment partagé. Pour nous, la pêche signifie la vie !” conclut un jeune père de famille très dynamique ; et d’enchaîner : “Que Dieu nous garde la mer!” Amen !
Rabah Zerrouk
