Bounouh se souvient…

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Il y a des faits historiques qui ne peuvent être passées sous silence d’autant plus que leurs acteurs sont encore en vie.

C’est dans cet ordre d’idées que l’APC et la kasma des moudjahidine ont programmé une journée commémorative à laquelle sont associées cinq écoles primaires entre autres celles de Bounouh, de Helouane, d’Ath Talha , d’Ath Merdja et de Thala Bouda. Cette rencontre à laquelle ont pris part les représentants du comité de village et des Moudjahidine de toute la Nahia a été abritée, avant-hier jeudi, par la grande salle de la Zaouia de la Tariqa Errahmania de Cheikh Benaderahamane de Bali à la périphérie du chef-lieu. Après bien sûr, l’intervention de M. Rabah Makhlouf, en sa qualité de maire qui est revenu sur cette date historique importante dans la lutte pour le recouvrement de l’indépendance et de l’engagement indéfectible de la région dans ce combat libérateur, le reste a été consacré aux activités proposées par les jeunes enfants qu’il faudra encourager au passage pour l’intérêt qu’ils ont accordé à cette date avec l’aide de leurs enseignants et enseignantes. En plus du documentaire sur les événements présenté par le directeur M. Yamou Mohamed Améziane de l’école primaire Rabah Benini d’Ath Talha, l’assistance a eu droit à des chorales montées sur scène pour agrémenter cette rencontre de leurs chants patriotiques et autres sketches en rapport avec la révolution en général et en particulier avec le 11 décembre 1960. Par ailleurs, il faudra aussi signaler que ces petits enfants se sont distingués dans leur créativité en collectant des photos qui relatent ces événements dans une exposition minutieusement élaborée sur des tableaux. Sitôt ces activités clôturées, le tour est donné aux Moudjahidine d’intervenir afin de raconter à ces petits chérubins ce qu’ils avaient enduré durant l’occupation coloniale et la guerre de libération nationale pour qu’enfin aujourd’hui ces enfants aient cette chance d’étudier et de prospérer dans leur pays, contrairement, à eux, qui étaient privés de leurs droits fondamentaux et de toute autre chose. Ali Goucem, en dépit de son âge avancé racontera quelques faits d’armes propres à l’aârch d’Ath Smail. De son côté le Moudjahid Mohamed Zahzouh, qui avait activé au sein de la Katibat N’Djadaer s’étalera sur de nombreux faits d’armes allant même à dire que le jour où il était monté au maquis à l’âge de dix-huit ans, le fusil qu’il portait dépassait de loin sa taille. «Vous avez le droit d’être fiers de notre combat. Si la France coloniale avait abdiqué en dépit de sa force, c’est parce que vos grands parents étaient décidés d’aller jusqu’à l’indépendance en dépit de tout ce qui avait été ourdi pour casser la révolution», dira-t-il d’un ton solennel. Et de poursuivre : «votre région, je citerai Ath Kaânane, Tizi Médène, Tizi El Had, tous ces villages que vous voyez ici, étaient connus pour leur engagement jusqu’à l’indépendance. Malheureusement, après l’indépendance, au lieu de continuer sur le chemin de la révolution, celle-ci a été déviée de ses objectifs». Il racontera même sa rencontre avec le colonel Amirouche venu les rassurer que tout allait bien et cela vers 1958. Pour sa part, le premier responsable de la Kasma des Moudjahidine de Bounouh, en la personne d’El Hadj Rabah Boukhalfa, évoquera sa participation aux événements du 11 décembre 60 à Alger et notamment à la Casbah. Cet intervenant enchaînera en parlant notamment de son engagement dans la lutte armée alors qu’il était recherché. «En 1963, j’ai intégré les rangs de l’ANP jusqu’à ma retraite avec le grade de sous-lieutenant des forces aériennes», nous confiera-t-il en marge de cette rencontre. Tour à tour, d’autres Moudjahidine ont témoigné non seulement sur les événements mais aussi sur la guerre en général. L’assistance et les enfants ont été conviés à un couscous royal offert par le comité de villages d’Ath Smail. Une cérémonie qui a eu lieu dans une parfaite symbiose entre les enfants et les Moudjahidine.

Amar Ouramdane

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