Pour donner de la visibilité au livre chaoui

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L’essentiel de ce qui garnit la bibliographie amazighe est produit dans la variante kabyle. Ceci bien évidemment s’explique par le particularisme, en termes d’engagement à propos de la problématique identitaire, qui caractérise la Kabylie. Ce même engagement ne s’était pas limité à la seule sphère politique. Il a connu un prolongement naturel de par le support de l’écrit. L’après Avril 80 connaîtra, tout particulièrement, un relatif foisonnement livresque. Ceci dit, la production était dominée par la poésie et la prose exaltant le passé et glorifiant le patrimoine. C’était peut-être un passage obligé pour une langue interdite d’expression. Ces dernières années, même si la qualité est discutable, le livre amazigh a tendance à s’accaparer la vie de tous les jours pour en devenir le témoin d’un temps. Cette avancée palpable fait, hélas, défaut dans d’autres variantes, notamment le chaoui. Pourtant, des Imazighen des Aurès se sont impliqués dans la dynamique revendicative. N’empêche, qu’en matière de production, la variante est à la traîne, alors que des prédispositions à la production dans la variante existent bel et bien. Plus que cela : des manuscrits somnolent dans les tiroirs chaouis. Mais alors, où cela coince-t-il ? C’est la question à laquelle le «réseau Awal», regroupant des écrivains et des chercheurs des Aurès, tente de trouver des réponses, nous apprendra Méziani El Hadi, l’un des militant de la région, impliqué dans l’initiative. L’idée de lancer ce réseau est venue après l’enthousiasme vérifié lors de la vente dédicace du dictionnaire Tamazight (dans la variante chaouie)-Arabe» de Massa Khadidja, à Batna, nous explique El Hadi. L’évènement a donc fonctionné comme un déclic, donnant matière à réfléchir. S’ensuivra une série de rencontres, dont la première à Tkout, en août 2013. La rencontre en question, parrainée par « l’association Tamazgha de Tkout», s’est penchée sur le «souci de l’écriture et le problème de l’édition». Le même mois de l’année d’après, des écrivains et chercheurs de la région (au nombre de 26) se sont regroupés pour faire le bilan de la situation du livre chaoui et, éventuellement, une projection. La rencontre du réseau se terminera par des recommandations. Sont fondamentalement ciblés par la rencontre, le HCA, le mouvement associatif des Aurès et le ministère de la Culture. En résumé le souci du réseau est la prise en charge du livre chaoui. Le Haut-Commissariat à l’Amazighité a été le premier à affirmer sa prédisposition à accompagner le livre chaoui jusqu’à son édition. C’est ce qui a été confirmé encore une fois par M. Assad, le SG du HCA, lors de la clôture de la dernière édition du salon du livre et du multimédia amazighs, organisé à Bouira. Ainsi, la variante chaouie est en passe de renforcer la bibliographie amazighe. Elle le ferait davantage, si, dans les Aurès, des maisons d’éditions s’impliquent dans le domaine amazigh comme le font les Editions Tira et Edition Achab.

S. O.A

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