Les montagnards innovent

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La wilaya de Béjaïa, comme toute la région de kabylie, est constituée de territoires montagneux.

En fait, l’Algérie comprend plusieurs territoires montagneux, à l’instar du Hoggar, des Aurès, du Djurdjura et des Babors. Les montagnes de la Kabylie sont habitées par une population nombreuse, dont le mode de vie millénaire est essentiellement basé sur l’agriculture. De plus, la tradition a fait que la culture de la terre est souvent pratiquée dans un contexte familial, avant de devenir industriel. C’est pourquoi, l’Assemblée Générale des Nations Unies a décrété le onze décembre de chaque année comme Journée internationale de la montagne. L’édition de cette année a été consacrée à l’agriculture familiale. A Béjaïa, cette journée fut marquée par une exposition organisée à la Maison de la culture Taos Amrouche. En plus des exposants institutionnels habituels, qui semblent en panne d’idées ou de moyens tellement leur présence fut symbolique, quelques paysans des montagnes de Kabylie sont venus présenter leurs produits au public. C’est ainsi que Hocine, chimiste de formation, venu de Feraoun, un village situé sur les hauteurs d’Amizour, a présenté ses produits sanitaires, réalisés à base de l’huile d’olive. Des savons et savonnettes de plusieurs sortes ont ainsi été présentés sous diverses formes, avec diverses senteurs et diverses couleurs. Selon son promoteur, l’huile d’olive, disponible en abondance dans la région, permet d’obtenir des produits entièrement naturels, dépourvus de tout ajout chimique, protégeant ainsi leurs utilisateurs des allergies et des mauvaises surprises. Le terroir kabyle est riche en ressources, que de nombreux promoteurs sont capables de transformer pour bénéficier pleinement des richesses naturelles de nos montagnes. De son côté Makhlouf, président d’une association, venu de Taourirt d’Ait Garet, située sur les hauteurs d’El Kseur, est venu présenter les produits de son village. Animateur de circuits touristiques et organisateur d’un Festival culturel durant l’été Makhlouf a fait la promotion des produits à base de céréales, cultivés à la manière traditionnelle, à échelle familiale. Les produits naturels peuvent être ainsi transformés pour préparer des plats succulents, faisant la richesse culinaire kabyle. Les couscous à base de Timzine, d’Irdhene et autres, se disputent la place de meilleur plat de la région. D’ailleurs, le président de cette association invite les gens à aller juger sur place, directement au niveau de son village. L’accueil et l’hospitalité ne manqueront pas de ravir ceux qui honoreront de leur visite les gens du village, lesquels continuent à exploiter leurs champs d’une manière traditionnelle. D’autres montagnards sont venus de Béni Maouche présenter ce qui fait leur réputation : la figue sèche. Mais pas seulement. Du poivron à la grenade et à l’huile d’olive ont été entre autres présentés au public. L’innovation pour cette fois a concerné l’emballage qui permet une meilleure conservation des produits et une meilleure exploitation au moment de leur utilisation. Certes, l’agriculture de ces gens reste encore artisanale et familiale, mais elle bénéficie de plus en plus d’innovations qui permettront de mieux faire connaître ces produits et d’en faire bénéficier la population. L’augmentation des quantités et l’amélioration des techniques commerciales amèneront-elles la baisse des prix, pour permettre aux petites bourses de profiter de cette richesse ancestrale ? A côté de ces artisans, des associations de préservation de la nature ont été présentes, tâchant de sensibiliser les visiteurs à la nécessité de protéger l’environnement dans lequel nous vivons. Les prospectus et les vidéos diffusées à l’occasion de cette exposition invitent les gens à découvrir ces montagnes fabuleuses, avec des paysages sublimes, dans la montagne, dans les lacs et sur le littoral. Toutefois, l’événement est passé presque inaperçu, alors que nos montages méritent plus d’égards. Il ne suffit pas de marquer un événement ou un anniversaire. Il faudrait sérieusement penser à exploiter l’occasion pour faire un travail sérieux de promotion de conseil et d’aide, au bénéfice des acteurs qui peinent à faire leur travail et à faire connaître leur situation. Le bénéficiaire de ces efforts devra être le public, et non l’administration qui se contente de faire le minimum. En discutant avec un des cadres d’une agence sensée être au service de la préservation de la nature à Béjaïa, nous avons appris les conditions de travail dans lesquelles évoluent les employés de cet organisme, lesquels ne bénéficient pas des moyens adéquats pour réaliser leurs missions. Ils se contentent d’exploiter les données trouvées dans une documentation produite, ailleurs, par d’autres ou trouvées sur Internet, sans avoir les moyens d’aller sur le terrain, à la rencontre de ces montagnards qui sont les véritables sources d’information. A quand la valorisation de la ressource humaine et sa considération dans le respect et la dignité ?

N. Si Yani

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