Site icon La Dépêche de Kabylie

Yemma Khadîdja, un site féerique négligé

À deux reprises, la neige est venue embellir les hauteurs du Djurdjura durant ce mois de décembre, créant un décor féerique que seule dame nature peut engendrer.

Une rare beauté qu’on ne se lasse pas d’admirer par temps clair, avec les rayons du soleil qui produisent des reflets éblouissants en accrochant la blancheur immaculée de la neige, et qui apportent une touche finale, en créant un halo de lumière et une prodigieuse clarté achevant de plonger ces hauteurs dans un cadre féerique qu’aucune plume ne peut décrire à sa juste valeur. Un sensationnel panorama qui se répercute sur l’humeur des populations en y apportant un baume de joie dans les cœurs, en faisant fondre comme neige au soleil le stress. C’est durant ces périodes que le clair de lune crée un romantisme des mille et une nuits, introuvable ailleurs, sur ce majestueux sommet enneigé qui a inspiré tous les grands chanteurs et poètes Kabyles. Cette chaîne de montagnes du Djurdjura, qui s’étend de Draâ El-Mizane (Tizi-Ouzou) jusqu’à l’Akfadou (Bgayet), en traversant le Nord de la wilaya de Bouira dans le sens Est/Ouest, et qui se détache distinctement dans le ciel, ressemble à un aigle blanc qui étend ses ailes dans un geste protecteur sur tout le territoire kabyle avec, comme tête, le sommet de Yemma Khadija (Tamgout), un prodigieux et sublime tableau que ne peut reproduire fidèlement ni Picasso ni Van Gogh. La fonte de ces neiges procède en parallèle à un lessivage global et minutieux de la nature des deux flancs de cette superbe chaîne de montagnes, qui traverse en plein milieu tout le territoire de la haute Kabylie. Une nature verte immaculée débarrassée des impuretés flottantes dans l’air et de la pollution de la saison chaude. Une nature ravivée par ces chutes de neige et qui recommence à reprendre ses couleurs dans toutes leurs splendeurs. Les ravins et ruisseaux descendant de ces hauteurs se réveillent de leur longue hibernation à leur tour, grâce aux fontes des neiges, tout comme les sources naturelles et les nappes phréatiques renflouées qui apportent une note supplémentaire par le son du glou-glou qui se mêle à celui de milliers d’oiseaux joyeux, repus de glands et d’olives, qui chantent à gorge déployée la belle vie. Sur ces hauteurs, le croassement du corbeau, qu’on s’accorde un peu partout dans le monde à classer de lugubre, est transformé après sa répercussion sur les rochers et ravins en musique agréable. Ce qui revient à dire, sans exagération ni fausse illusion, que la faune et sa flore du Djurdjura se complètent dans une parfaite harmonie pour rivaliser en beauté avec les meilleurs sites à travers monde. Quand serait le jour où une courageuse décision politique libérerait le génie algérien et lui permettrait de valoriser davantage cette légendaire région du Djurdjura par quelques aménagements à des fins touristiques ? Une région qui ne peut être qualifiée que de filon d’or dans ce créneau du tourisme et à moindre coût encore. Pour les régions des daïras de Bechloul, M’Chedallah et celles des Ouacifs, le plus difficile et le plus coûteux de ce genre d’aménagement est déjà réalisé avec la modernisation de la RN30 jusqu’au col de Tizi N’Koulal. En attendant que les décideurs prennent conscience de la valeur du Djurdjura sur le volet touristique et par ricochet sur celui économique, contentons-nous de l’admirer de loin et de continuer à rêver comme nos poètes et nos chanteurs, en nous délectant de sa beauté. Rappelons qu’un dossier de la création d’une zone touristique (ZET) de Tala Rana a été ficelé et déposé sur le bureau du Premier ministre, selon une source proche du secteur du tourisme, depuis une année, en attente d’une éventuelle approbation en conseil des ministres. Espérons qu’il sera rapidement étudié et approuvé pour voir enfin ce projet de ZET, qui a fait couler beaucoup d’encre et dont rêve toute la population des deux versant du Yemma Khadîdja, se concrétiser réellement sur le terrain.

Oulaid Soualah

Quitter la version mobile