L’hiver s’installe, les tracas aussi

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Des montagnes majestueuses vêtues d’un manteau blancoffrent un spectacle féérique, un paysage paradisiaque digne d’une carte postale !

Cette année, l’automne n’a pas été pluvieux. À Ait-Smaïl, une commune nichée au flanc de la montagne surnommée «Adrar N’Fad», les premières chutes de neiges ont coïncidé avec les premières pluies, ce qui a un peu surpris tout les habitants qui se sont laissés bernés par ce beau temps inhabituel. Mais grâce aux prévisions météorologiques à travers les BMS (bulletins météorologiques spéciaux), la télévision et internet, la population était, cette fois, sur ses gardes pour accueillir les nouvelles chutes de neige. Dans la nuit de lundi à mardi, une importante quantité de neige est tombée sur tout le territoire de la commune et ses environs. Au chef-lieu, d’une altitude de 640 mètres, le manteau neigeux a atteint une épaisseur de 20 centimètres, ce qui a, dans la matinée de mardi, beaucoup gêné la circulation et les bus de transport de voyageurs n’ont pas bougé de peur d’être coincés sur la route (CW n° 06) qui descend vers Bordj-Mira (chef-lieu de Taskriout). À Thala n’Tourirth, Boulahfa, Ighil Ouli, Tachroufth, Kefrida, Bourafaa, Talaata et Tala Aanane, la neige dépasse facilement 60 centimètres d’épaisseur. En montant vers Bouandas, l’épaisseur de la neige devient plus importante et la route peut demeurer fermée pour plusieurs jours. À la frontière entre Bejaïa et Sétif, les villages de Tizi Lekhmis et Bouimane, perchés à plus de 1050 mètres d’altitude, restent longtemps isolés après chaque importante chute de neige. Dès que le CW 06, qui est l’unique voie d’accès pour rejoindre la RN9, est coupé la commune est isolée car aucun mouvement ne devient possible. Pour se ravitailler en différentes denrées, pour transporter des malades en urgence vers l’établissement le plus proche (la polyclinique d’Amridj ou l’hôpital de Kherrata), les habitants doivent se débrouiller pour déneiger la route. Pour compenser l’inexistence de chasse-neige, on utilise des pelles mécaniques, retro chargeurs, tracteurs et niveleuses, heureusement que les particuliers sont bien nantis en pareil matériel ! Mais, après les passages répétés de ces véhicules, on retrouve souvent la route dans un état lamentable. Pour les bourgades éloignées du chemin de wilaya, surtout, il faut souvent attendre la fonte de la neige ou user de son dos pour transporter les multiples charges car les bêtes de somme ont presque complètement disparu du paysage. Pour se chauffer, et faute de bois, rare et onéreux, on utilise des poêles à mazout, à gaz butane et même le bain-d’huile électrique quand, bien sûr, les coupures d’électricité coutumières durant cette saison, ne viennent pas s’inviter à la fête ! Pour ces campagnards, le seul bienfait de la neige est le remplissage des nappes phréatiques ; au moins, comme cela, ils n’auront pas à souffrir du manque d’eau potable d’ici l’été prochain ! Quant au spectacle, ils ne peuvent pas être d’humeur à l’apprécier !

Saïd M.

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