Les villageois d’El Zouabria, relevant de la commune de Zbarbar, à une quarantaine de kilomètres à l’Ouest du chef-lieu de la wilaya de Bouira, vivent dans des conditions lamentables. En effet, ce bourg, situé à la limite administrative entre Bouira et Médéa, perché à plus de 1 100 mètres d’altitude, est coupé du monde. Les citoyens rencontrés sur les lieux ne savent plus à quel responsable s’adresser, afin de mettre un terme à la détérioration qui affecte leur patelin. Ce village de près de 2 500 âmes est laissé à l’abandon depuis plusieurs années, ce qui provoque, chez la population, un sentiment de marginalisation et d’exaspération. Les villageois demandent le raccordement de leurs foyers au réseau d’AEP, à celui du gaz naturel, ainsi que l’aménagement de leurs routes, dont la majorité est dans un état de délabrement avancé. «Depuis plus de quarante ans, notre village n’a bénéficié d’aucun plan d’aménagement. Nous sommes isolés et nous manquons de tout!», soulignent certains villageois. Concernant l’épineux problème du raccordement au réseau d’AEP, bon nombre de citoyens ont dénoncé le fait que plusieurs demandes ont été introduites auprès des services concernés dans l’hypothétique espoir d’un raccordement, mais en vain. «On est encore et toujours réduit à nous approvisionner en eau à partir d’une source située à une dizaine de kilomètres en contrebas», dira un habitant de ladite localité. Un autre assurera que lui et ses enfants continuent à s’approvisionner en eau à dos d’âne, traversant des chemins escarpés et infestés de sangliers et de bestioles. Liamine, agent de poste travaillant dans au niveau du chef-lieu de la commune, dira : «Les autorités de la wilaya s’étaient pourtant engagées à accélérer les travaux de raccordement au réseau d’AEP à partir du barrage Koudiet Acerdoune, sis dans la commune voisine de Maâla. On nous a promis, depuis 2010, que notre localité allait être raccordée aux eaux de ce barrage. Quatre ans plus tard, on est toujours obligé de parcourir des kilomètres, jerricans à bout de bras. C’est inadmissible ». Quant au gaz naturel, ces villageois se disent «désespérés» de le voir arriver dans leurs foyers. «Même les bonbonnes de gaz butane font défaut. Nous faisons carrément recours au bois pour nos besoins en cuisine et en chauffage», notera Djalil, un père de famille. Et d’ajouter: «Pendant plus de trois jours, nous étions coupés du monde. La neige est tombée en abondance et les engins de l’APC ne sont pas venus déblayer notre route. Nous étions sans aucune défense devant le froid et la neige. Une misère indescriptible!». Interrogé sur d’éventuelles initiatives de l’APC pour régler ne serait-ce que la pénurie du butane, notre interlocuteur dira : « Notre maire a fait de son mieux pour nous assurer un approvisionnement décent, mais il a été très vite débordé par les événements. Les rares bonbonnes qui nous sont parvenues se sont carrément arrachées à prix d’or. Nous nous sommes donc résignés à nous chauffer avec du bois que nous ramassions dans la forêt». Ces témoignages traduisent le désarroi et la peine des villageois d’El Zouabria. Ces derniers affirment qu’ils ont frappé à toutes les portes pour mettre fin à ce calvaire qui n’a que trop duré mais aucune suite n’a été donnée à leurs doléances. Pour rappel, au mois de février dernier, une délégation composée d’une centaine de villageois a tenu un sit-in devant le siège de la wilaya, afin d’exprimer leur colère et réclamer un semblant d’aménagement pour leur hameau. « On exige une route digne de ce nom et non une piste qui reste impraticable à la moindre chute de pluie », dira un villageois. Cette route, faut-il le préciser, se trouve dans un état lamentable, sur plus de 7 kilomètres. Et c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, les crevasses et les nids-de-poule y sont légions. D’ailleurs, bon nombre d’accidents sont survenus au niveau de cette route, particulièrement sinueuse. Selon l’imam de cette localité les citoyens, surtout les jeunes, font preuve de beaucoup de sagesse pour ne pas sombrer dans les divers fléaux sociaux. «A notre niveau, on fait un travail de sensibilisation, car la misère est la source de toutes les dérives», dit-il avant de lancer un appel aux autorités locales : «Vous savez, la population ne demande qu’à vivre dans la dignité. Les pouvoirs publics doivent prêter une oreille attentive aux doléances des villageois. Réhabiliter une route, effectuer un branchement d’eau et de gaz ne relèvent pas du miracle».
Ramdane B.
