Rituels religieux à Frikat et à Aïn Zaouia

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Comme chaque année, le Mawlid Ennaboui (naissance du Prophète Mohamed Que le salut soit sur lui) est célébré dans toutes les localités de la Kabylie, et chacune de ces dernières a ses spécificités particulières. A Frikat, c’est à Ath Sidi Maâmar et plus précisément aux «Sbargoud» que cette fête est marquée par non seulement des visites familiales à l’ancienne mosquée du village, mais aussi par un repas offert par le comité du village. De bon matin, il nous a été donné de voir des files de personnes arpenter le chemin sinueux et traverser le pont qui relie les deux rives du village. Vêtues de leurs tenues traditionnelles, des femmes et des vieilles tenant par la main de petits enfants pénètrent dans le mausolée où elles souhaitent que leurs vœux soient exaucés. «Je suis spécialement venu d’Alger avec tous mes enfants pour fêter l’événement au village. C’est une tradition qui revient chaque année. Ces derniers temps, ce sont tous les villageois qui participent à la célébration du Mawlid. Il y a des personnes qui viennent rarement au village, mais, pour elles, il est impossible de rater cette occasion», nous dira un homme accosté juste à l’entrée de la mosquée. Vers midi, les organisateurs ont invité toutes les personnes venues à cette visite à déguster le couscous traditionnel préparé pour la circonstance. C’est d’ailleurs dans une ambiance bon enfant que les invités ont savouré ce mets. «Nous avons acheté de la viande et des légumes et les femmes ont préparé le couscous. Pour ce qui est de la sa sauce, elle a été concoctée par des cuisiniers du village, aidés par des jeunes désignés par notre comité», nous répondra un membre du comité dudit village. C’est presque le même rituel à Laâziv N’Cheikh, dans la commune de Ain Zaouia. Là aussi, il y a eu beaucoup de monde. Ils sont venus de partout, de Ain Zaouia jusqu’à Maâtkas en passant par Draâ El-Mizan et Boghni. Sous un soleil printanier, des centaines de personnes ont, elles aussi, pris cette destination depuis les premières heures de la matinée. Il y avait, en plus des femmes, des jeunes filles et des hommes. Dans ce village, le lieu à ne pas rater pour cette occasion est «lamqam», une petite mosquée surplombant le cimetière du village. Les visiteurs ont eu à apprécier les chants religieux récités par les «Taleb» à gorge déployée. Personne ne pouvait sortir sans laisser un billet de banque comme le veut la tradition en guise d’offrande. «Depuis des années, ce rituel est organisé dans notre village. Tout d’abord, nous célébrons la naissance de notre prophète QSSSL, et puis, cela est une occasion de rappeler à tous nos valeurs et nos principes. Notre village garde toujours cette tradition. Même au temps de la décennie noire, nous n’avons jamais abdiqué», nous confiera l’un des organisateurs. Même le maire et son exécutif ont partagé ces moments de convivialité avec les citoyens. «Je remercie le comité du village pour toutes les actions entreprises à Laâziv N’Cheikh. Et je tiens à dire que je soutiens tous les autres villages de la commune dans de pareilles occasions», nous déclarera M. Merzouk Haddadi, car c’est de lui qu’il s’agit. Aux douze coups de la mi-journée, plus d’un millier de personnes a bénéficié d’un couscous royal dans une organisation parfaite et dans une ambiance particulière : prise de photos, échanges de vœux… Avant de quitter ce village, nous avons eu l’occasion aussi de nous recueillir sur la tombe de l’écrivain «Haddadi Mohamed Amokrane», l’humaniste, le démocrate et l’homme prodige de Laâziv N’Cheikh connu pour ses principes et ses belles œuvres. Un membre de l’association culturelle qui porte son nom nous remettra le manuscrit qu’il avait écrit bien avant sa disparition le 26 décembre 2007 à l’hôpital Neddir Mohamed de Tizi-Ouzou, à savoir «La Malédiction».

Amar Ouramdane

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