Le village Aourir et la demeure du colonel Dehiles proposés

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Deux dossiers proposés au classement ont été présentés par la Direction de la culture de Tizi-Ouzou devant la commission de wilaya des biens culturels.

Ainsi, dans le cadre de sa politique de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel de la wilaya, deux dossiers, à savoir le village traditionnel Aourir relevant de la commune d’Ifigha témoin de l’architecture vernaculaire et du savoir-faire locaux, et la demeure d’une grande personnalité de la révolution algérienne, en l’occurrence Dehilès dit Colonel Si Sadek. Ces propositions, il faut le signaler, ont été approuvées par l’ensemble des membres de la commission. À cet effet, les deux biens sont inscrits sur la liste de l’inventaire supplémentaire des biens culturels de la wilaya. Le village Aourir est situé à 4 km à l’Est du chef-lieu de la commune d’Ifigha dans la daïra d’Azazga, à 35 km du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou. C’est un ensemble de maisons traditionnelles constituant le village du même nom et dont l’accès se fait par le chemin communal reliant le chef-lieu de la commune. Au plan juridique, les maisons et les terrains composant le village sont des propriétés privées. Le périmètre de classement du village s’étend sur une superficie de 7,6 ha et offre une très large visibilité dans toutes les directions. Le village Aourir est alimenté en énergie électrique, en eau potable mais pas en gaz naturel. Il est tenu obligation pour les villageois et les autorités de respecter les dispositions de la loi 98/04, relative à la protection du patrimoine culturel. Histoire : Le village Aourir fait partie des archs Ath Ghobri et il fut la première capitale des Ath El Kadi, de la dynastie kabyle apparue au XVIème siècle et qui établirent, par la suite, leur capitale à Koukou dans la tribu des Ath Yahia d’où le nom du Royaume de Koukou. Ils eurent des implantations secondaires dans d’autres régions du haut Sébaou. En 1632, Hend Ul Kadhi, fils de Amar Oul Kadhi, successeur du trône de son père, préféra reprendre Aourir comme capitale de son gouvernorat. Aujourd’hui, la totalité des maisons sont abandonnées dont quelques-unes sont en ruine. Le village est composé de 107 maisons. Il est divisé en deux pôles : El hara Oufella et El hara n Wadda. Le village comprend aussi une Tajmaât, à l’entrée, une mosquée et une fontaine. L’organisation de la maison ne diffère pas de celle des anciennes maisons traditionnelles. Exposé aux multiples dégradations naturelles, il est urgent que ce village soit repris par les autorités pour une inscription au classement afin de préserver ce patrimoine devenu culturel car aussi, il est un témoin d’un mode de vie et d’un savoir-faire local, en matière d’habitat et d’architecture. Le deuxième dossier soumis à l’approbation de la commission est  celui de la maison du Colonel Slimane Dehiles. Cette propriété privée est située au village Aït Berdjèle, à 5 kms au Nord- est du chef-lieu de la commune des Ouadhias. La maison prend, de fait, un caractère historique étant donné que son propriétaire n’était autre que le colonel Si Slimane. Elle est alimentée en eau potable, en électricité mais pas de gaz. La même loi 98-04 est valable pour ce genre de classement. Elle est construite en dur avant la naissance du colonel. Elle s’étend sur 88 mètres carrés. Elle est composée d’un sous-sol, d’un rez-de-chaussée, de deux chambres, d’une cour et des escaliers. Elle fut abandonnée depuis 1983 et s’est dégradée au fil du temps. Le neveu dudit colonel entreprit quelques travaux et l’occupa depuis 2013. De par son statut de personnalité historique, héros de la révolution, la Direction de la culture proposa cette maison à un classement de patrimoine cultuel pour devenir un monument historique.

Biographie :

Le colonel Sadek (Slimane Dehiles, de son vrai nom) est l’un des principaux chefs politico-militaires de la révolution algérienne .Né à Ouadhias, dans le piémont du Djurdjura, en Kabylie, dans le village Ait Berdjele le 14 novembre 1920, il a consacré sa vie à la lutte pour la liberté et contre toutes les oppressions. Ce grand homme a effectué un véritable parcours du combattant. À15 ans, son père décède et il n’a d’autre choix que de quitter l’école et aller gagner sa vie et subvenir ainsi aux besoins des siens. Lui et son frère essaieront de travailler le lopin de terre familial. À l’âge de 21 ans, il frappe à la porte d’une caserne à Maison Carrée (Alger) où, après des tergiversations, on finira par le juger bon pour le service et l’engager par la suite. Quelques mois après, il débarque avec les troupes alliées et françaises à Bagnolet, près de Naples, en octobre 1943. En août 1944, Slimane et son bataillon entrèrent en France après avoir perdu beaucoup d’hommes face à une résistance farouche, ils arrivèrent à Strasbourg le 24 décembre 1944. En mai 1945, il était mobilisé en Allemagne et adhère au MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques en Algérie) en 1946, où il active sous l’égide de la Fédération de France. Il s’est établi ensuite à l’Est de la France, àRemiremont. En 1953, il fut arrêté et écopa de 8 mois d’emprisonnement et 70 000 francs d’amende, en plus d’être interdit d’accès en Algérie pendant cinq ans, et ce, pour avoir distribué des tracts hostiles à la présence française en Algérie. Dès novembre 1954, il rentre clandestinement à son village et fut l’un des premiers à rejoindre les rangs de l’ALN (armée de libération nationale).Fort de son expérience militaire, c’est à lui qu’échut le devoir de former la première compagnie en Kabylie ; « En moins de six mois, l’organisation politico-militaire était une réalité». En 1957, il fut désigné par Abane Ramdane pour diriger la Wilaya IV après le départ du colonel Amar Ouamrane. À Tunis, il devint membre du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne) de 1957 jusqu’à 1962. En 1958, il devint l’adjoint de Houari Boumediene, qui prend la tête du C.O.M (Comité d’Organisation Militaire) pour la zone Ouest. À l’indépendance, en 1962, Si Sadek fut élu député de la wilaya de Tizi-Ouzou. Il était dirigeant du FFS (Front des Forces Socialistes) de 1963 à1965. Slimane Dehiles décède le 5 Novembre 2011, à l’âge de 91 ans et fut inhumé dans sa région natale à Ait Berdjele, dans la daïra des Ouadhias.                    

Arous Touil

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