Des projets, mais…

Partager

La daïra de Maâkas, une terre d’accueil comprenant 2 communes (Souk El-Khemis et souk El-Tenine) au Sud du chef-lieu de la capitale du Djurdjura, totalise au moins 50 000 habitants, répartis sur plus d’une cinquantaine de villages. 

En somme, une importante localité en termes de population et de superficie. Une belle région qui a été le théâtre d’une lutte ardue et acharnée lors de la glorieuse révolution de novembre, où près d’un millier de ses braves enfants est tombé au champ d’honneur pour extirper le pays des griffes et du joug du colonialisme français. Pendant ces temps de braise, les grands chefs de la révolution et les soldats de l’ALN y trouvaient refuge et assistance. Krim, Abane, Dhilès, Ouamrane et tant d’autres sont tous passés par là. À l’indépendance, la population aspirait légitimement au développement, à l’instar de toutes les localités du pays. Ce n’est malheureusement pas le cas après plus de cinquante ans d’indépendance. Dans cette région, la nature est plus que généreuse, la beauté de cette localité est d’une rare finesse. Sa situation près des monts du majestueux Djurdjura, de la forêt Amjoudh et des plaines de Boghni a consolidé sa beauté. La bonté des habitants, leur hospitalité et leur humanisme en constituent la cerise sur le gâteau. En somme, Maâtkas possède tous les atouts qui pouvaient faire d’elle une région prospère et développée ; seulement, les responsables, tant au niveau local que national, n’ont pas réalisé grand-chose. Les insignifiantes cagnottes des PCD ne sont même pas venues à bout de l’assainissement. Que dire alors des autres secteurs qui sont tous en souffrance ?

Le gaz naturel toujours bloqué

Le réseau d’assainissement peine, en 2014, à atteindre le taux de 40% de couverture à travers la commune de Souk El Khemis. Les grappes de villages de Berkouka sont toujours privées d’un tel réseau. Certes un grand projet a été accordé mais les travaux n’avancent pas au rythme souhaité et leur qualité a fait sortir les villageois de leur silence, lesquels ont procédé au début de cette semaine, à la fermeture du CW 128. À souk El Tenine, le réseau est plus important, mais il subsiste toujours des maisons éparses qui ne en sont pas encore raccordées. Pour ce qui est du réseau de l’électricité le constat est bien meilleur mais il reste encore des centaines d’habitations qui n’en bénéficient pas, et les chutes de tension sont monnaie courante. Des projets portant construction de postes maçonnés existent, mais l’entame des travaux tarde à se faire pour bon nombre de niche. Pour ce qui est de l’AEP, le rationnement est toujours d’actualité même en hiver. En période des grandes chaleurs, plusieurs villages regardent, médusés, leurs robinets subir les affres de la rouille. À Berkouka, à sidi Ali Moussa et même dans les chefs-lieux, la rareté de l’eau potable n’est pas étrangère. Pour ce qui est du gaz naturel, c’est tout bonnement incompréhensible puisque le réseau est achevé depuis 2011 à travers les deux chefs-lieux et dans les villages de la périphérie, mais sans que la mise en service ne soit faite à ce jour. La cause est bien simple : une opposition des villageois de Agouni Bouffal et d’Ait Izid qui réclamaient, à raison d’ailleurs, de bénéficier de cette commodité pour laisser le gazoduc traverser leurs terres. Depuis 2011, les 2 villages ont été inscrits et les travaux furent lancés, mais leur achèvement est renvoyé aux calendes grecques. Du coup, les protestataire maintiennent leur veto au passage de la conduite de gaz. Après plus de 4 ans, le réseau n’est pas toujours en service, ce qui peut engendrer la défectuosité des conduites de gaz, déjà installées. Les habitants vont devoir encore attendre au moins une saison pour bénéficier de cette importante commodité. Pour ce qui est de la téléphonie fixe, elle n’existe que dans les chefs-lieux, et les villages continuent d’être isolés du reste du monde. Signalons tout de même qu’un projet de fibre optique est actuellement en cours de réalisation du côté de Souk El Tenine ; son achèvement et sa généralisation à travers tous les villages nécessitera sûrement plusieurs années.

Une daïra sans stade communal

Concernant le secteur de la jeunesse et du sport, c’est carrément le désert. À Souk el Tenine, aucune maison de jeunes ou foyer pour jeunes n’est disponible. Du côté de Souk El Khemis, il y a certes une maison des jeunes au niveau du chef-lieu communal, mais celle-ci est vétuste puisque sa réalisation remonte aux années 80. Dans les nombreux villages qui composent cette municipalité c’est le grand vide culturel. Pourtant, de nombreuses associations existent, mais continuent d’activer dans des locaux privés. Un projet de maison d’artisanat a été annoncé voici plusieurs années mais le passage à la concrétisation se fait toujours attendre. Le fameux festival de la poterie, organisé chaque année, ne dure que l’espace d’une semaine ; et juste après, elle (la poterie) devient le grand absent si ce n’est les quelques potières qui continue de travailler chez elles avec des moyens rudimentaires. Du coup, l’activité culturelle prend un mauvais coup et sombre dans l’hibernation en attendant le nouveau festival de la poterie. Côté sport, bien que 2 équipes de foot (IRBSET et JSM) sont engagées dans le championnat de wilaya, la daïra ne dispose pas d’un stade communal homologué. Le seul stade existant à Fekrane, dans la commune de Souk El Tenine, est réservé à accueillir le projet de l’hôpital, qui, lui aussi, tarde à être lancé. Les joueurs de Maâtkas s’entraînent dans l’unique aire de jeu (Izdagh), mais reçoivent à Mechtras ou à Boghni. Et même son de cloche du côté de l’IRBSET. En somme, des clubs SDF. La salle polyvalente sise à Souk El Khemis est tout simplement dégradée et non conforme à la pratique sportive. La GSCM, qui compte des centaines d’athlètes dans différentes disciplines risque de disparaître vu l’état de la salle et le manque d’aide financière. À souk El Tenine, une salle de sport existe à la cité garage, mais elle ne sert qu’au sport de combat vu ses dimensions réduites. Pour ce qui est des villages, rien n’est disponible hormis peut être quelques locaux privés où se pratiquent les arts martiaux dans des conditions difficiles. 

La santé un secteur malade

À Maâtkas, le secteur de la santé publique est malade. La proximité des soins et leur gratuité n’ont pas de sens. La seule polyclinique digne de ce nom est sans doute celle de Souk El Tenine, mais l’insuffisance de moyens humain et matériel qu’elle accuse l’empêche de tourner à plein régime. Son état dégradé que nous avons, à plusieurs reprises, signalé sur ces mêmes colonnes a été entendu, puisque des travaux de sa réhabilitation ont été lancés depuis plusieurs mois. Alors qu’un ultimatum a été fixé à l’entreprise pour livrer le chantier en octobre passé hélas, on est en janvier et les travaux sont loin d’être achevés. Plusieurs services ont été délocalisés vers le dispensaire de Maâtkas, sous-équipé et ne fonctionnant malheureusement que de jour. Pour les villages, il existe certaines unités de soins mais elles ne prodiguent que des soins de base, à savoir les injections et les changements de pansements. Concernant l’ambitieux projet de réalisation d’un hôpital de 60 lits à Fekrane, les travaux ne sont pas à l’ordre du jour. La première consultation a été déclarée infructueuse. Dans tous les cas de figure, le secteur de la santé publique dans toute la daïra de Maâtkas est malade ; il convient de le réanimer pour permettre à la population de se soigner sans avoir à se déplacer au chef-lieu de la wilaya ou de se livrer aux griffes acérées du privé. Rappelons également que les médecins spécialistes n’existent pas au niveau de la daïra. Concernant le secteur financier, aucune banque n’est implantée dans la région. La Protection civile brille aussi par son absence, et bien d’autres services, aussi importants soit-ils, sont indisponibles. En d’autres termes, Maâtkas n’est une daïra que …du nom.                            

 Hocine T.

Partager