Le conflit opposant les élus à l'APC d'Azazga à la coordination des villages de la municipalité a été vraisemblablement relancé de plus belle avec la sortie publique du maire qui a animé, hier, "une conférence" à l'annexe de la Maison de la culture de la ville.
Ce dernier, visiblement conforté et réconforté par la présence de quelques dizaines de ses supporters qui ont répondu à l’appel des élus de la municipalité s’est même permis de défier l’administration de l’établissement, et partant les institutions régionales, qui avait pourtant réservé un avis défavorable à la demande qu’il avait introduite auparavant à cet effet. Il n’est certes pas allé jusqu’à accéder à la grande salle dont il réclamait l’ouverture, n’empêche qu’il a bel et bien tenu « sa conférence » dans l’enceinte de la structure face à un rassemblement qui l’a acclamé. Et c’était sans doute là une action qui le remet sur selle, même si du côté de la coordination, qui en parallèle improvisait un meeting populaire devant la mairie, «la foule réunie par le maire était en majorité des militants du FLN et de certains partis avec lesquels il a composé sa majorité». «C’est le FLN qui est derrière cette conférence. Ils ont d’ailleurs invité les militants de Bouzeguène, d’Illoula, de Mekla, d’Aghribs, Yakouren et Fréha. Ils ont fait ça dans le sillage de l’installation de la nouvelle Mouhafadha de la circonscription d’Azazga. D’ailleurs, une réunion de coordination avec tous les représentants du FLN au niveau des communes que je viens de citer a été tenue hier au niveau d’Azazga. On ne va pas nous dire quand même que c’est par hasard qu’ils ont organisé ce conclave élargi, en présence du député et Mouhafedh de Tizi-Ouzou et autres personnalités du parti, hier. Le maire a eu le secours qu’il voulait du parti qu’il a rejoint. Nous avons les preuves de ce que nous disons. Il y a des images du rassemblement qui montrent des têtes qui ne sont pas du tout de notre commune. Nous avons aussi des copies des invitations envoyées à des organisations proches du FLN. C’est grave ce qui s’est produit aujourd’hui à Azazga, le maire qui lance des invitations à des gens d’ailleurs, pour se faire filmer, se montrer écouté par une population venue de l’extérieur… De toutes les façons, il n’est pas à sa première tromperie. Le tout Azazga sait qu’il a été le candidat du FAN avant de passer au FLN une fois élu…», commentait Rachid Allouache, l’animateur très en vue de la coordination des villages protestataires. Chez le maire, c’est un tout autre son de cloche, puisque lorsqu’il s’est adressé à ceux qui étaient venus l’écouter il leur a lancé d’un ton direct, un «c’est vous qui nous avez élus à ce poste, et nous sommes là pour nous en remettre à vous». Il fera d’emblée un sévère réquisitoire envers l’administration. «A notre arrivée, nous avons trouvé tout au rouge à l’APC, quasiment rien n’allait comme il devait l’être, mais ce n’était pas de la faute de l’ancienne assemblée. Elle était muselée par l’administration, on ne la laissait pas agir. On lui a tout verrouillé comme on tente de nous bloquer aujourd’hui», assénait-il en substance. Des propos qui, à priori, paraissent directement viser le chef de daïra, cité d’ailleurs nommément, et le wali son responsable hiérarchique direct, surtout qu’au passage l’orateur rendait un vibrant hommage au P/APW et à l’APW de manière générale. Mais cela ne l’a pas empêché par la suite de dire tous ses «respect et gratitude» au même «wali qui travaille et reste le premier représentant de l’Etat au niveau de la wilaya. C’est peut-être chez ses subordonnés que ça ne marche pas». Il faut dire que le maire n’est pas resté à cette seule contradiction, puisqu’il chargera aussi l’administration dans son ensemble de laisser faire les contestataires qui, selon lui, ne représenterait pas la population d’Azazga. «Ils apposent des cachets des comités de villages sur leurs déclarations et appels pour faire croire qu’ils sont délégués ou qu’ils représentent la population, mais c’est faux, ce sont de faux cachets», accusait-il sans piper mot sur la grande mobilisation de mardi dernier qui a vu la ville d’Azazga baisser rideau de bout en bout pour réclamer son départ et celui de tous les élus de la municipalité. Hier, ces derniers étaient dix à ses côtés au rassemblement. Dans son discours, le maire dira qu’ils sont quatorze à faire bloc autour de lui.
Djaffar C.

