Le tissage toujours en vogue

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A   Larbâa Nath Irathen, le travail de la laine, c’est-à-dire le tissage, connu chez-nous sous le nom d’« Azetta », est plus que jamais recherché. 

Dans l’ensemble des villages nichés sur ces hauteurs environnant Larbâa Nath Irathen, en commençant d’ Irdjen à Tizi-Rached, le travail de tissage ou d’azetta, est l’une des traditions jalousement gardée, encore de nos jours. Son secret de fabrication est entre de bonnes mains. Cet us semble résister à la modernité ! Azetta  ne disparaîtra pas encore car ces racines sont bien ancrées. Le travail de la laine se transmet de mère en fille et de générations en générations si bien que nous voyons de nos jours des produits neufs et quelquefois meilleurs que ceux d’antan « Akhellal », « Abarnus », « Taavat » font encore rêver les jeunes des deux sexes. A Larbâa Nath Irathen, Azetta, il est d’actualité et plus que jamais et il se porte bien et mieux qu’avant grâce au génie de nos aïeux, qui ont bien pensé de transmettre l’art de sa fabrication et de sa conception de générations en générations et de mère en fille. Na Aldjia, une vielle femme d’Ath Atelli, (un village sis à 03 Km du chef-lieu), avoue tisser une dizaine, entre burnous et couvertures, chaque année, surtout en période hivernale. Les femmes, qui excellent dans ce domaine s’arrachent par les jeunes débutantes qui profitent, sans doute, du savoir-faire de leurs aînées. Abarnus et Akhellal, restent les habits phares pour le jeune et la jeune lors de leur mariage. Na Aldjia ajoute : « Celle qui n’exhibe pas akhellal le jour de son mariage, elle sera couverte de honte et on parlera d’elle dans toutes les familles. » On ne peut imaginer un jeune marié venir pour la cérémonie du henné sans un burnous flambant neuf. Ce sont tous ces facteurs cités qui font qu’azetta survit et avec lui nos coutumes, nos traditions et nos valeurs. Une chose est sûre, azetta a devant lui de belles années. Effectivement, dans ces régions déjà citées, les hommes et les femmes sont restés attachés à leurs valeurs surtout au tissage. Et dans la plus part des villages auxquels, nos avons rendu visite, nous sommes frappés, par le nombre de femmes qui pratiquent encore de nos jours azetta. Presque dans chaque quartier (adrum), le métier à tisser et les outils nécessaires pour azetta, se prêtent de maison en maison et chaque famille attend son tour. Ces outils (Lahwl Uztta Issugra, iffegagen, agebbad, Trigli, tayazilt), font des va-et-vient, d’une maison à une autre, de femmes en femmes. On voit défiler devant nous ces fameux outils, aux formes géométriques différentes et variées. Pour installer le métier à tisser, ces femmes se donnent rendez-vous dans la placette du village et rapidement, ces mains expertes ajustent sur la poulie les fils pairs et les fils impairs afin de laisser passer la navette dans laquelle est enroulé le fil de trame. Et déjà on voit se dessiner le futur akhellal ou abarnus. Les femmes, de leurs mains habiles, font les gestes avec une précision à vous couper le souffle. Ensuite le métier à tisser est transporté à la maison et le travail commence, la mère, l’épouse, la fille se relaient pour terminer vite cette lourde couverture ô combien utile pendant les nuits de neige. Une vieille femme rencontrée lors de notre visite à Aït Atelli, nous dira : « Chaque maison ou quartier (adrum), doit respecter les jours qui lui sont consacrés pour dresser azetta. Et en cette période, c’est-à-dire en hiver, les vieilles femmes d’un certain âge, s’occupent d’azetta, tandis que celles qui ont encore la force de travailler, sont dans les champs pour récolter les olives. » Les mères sont toujours fières de dire que le burnous que porte leur fils est tissé de leurs mains. Enfin, ces nombreuses vieilles femmes, rencontrées souhaitent que la tradition soit perpétuée de générations en générations. 

Ziad Youcef 

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