Insalubrité, vétusté et usure

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Que ce soit au niveau de ce qui est qualifié exagérément d’agence de voyageurs, non aménagée au chef-lieu de la daïra de M’Chedallah, ou dans les arrêts secondaires des chefs-lieux de communes, c’est le même décor qui s’offre au voyageur : la majorité des fourgons de transport reliant ces communes au chef-lieu de daïra sont dans le même état d’insalubrité, de vétusté et d’usure.

Un état de fait peu rassurant pour les voyageurs qui recourent quotidiennement à ces véhicules déglingués et cabossés avec des portes qui peuvent s’ouvrir brusquement à la courbe d’un virage pour se déplacer. Les voyageurs sont ‘’entassés‘’, ou bringuebalés pour utiliser le terme exact, sur des sièges unis avec des supports dessoudés qui tanguent de droite à gauche. Dès les premiers kilomètres, il est difficile de ne pas avoir des nausées et le mal de mer, notamment sur les routes sinueuses et entrelacées reliant les villes aux montagnes, comme c’est le cas pour la desserte reliant le chef-lieu de daïra à Takerboust ou Saharidj. Ajouté à cela d’incalculables virages étroits en épingles à cheveux, et ce n’est pas terminé car, en plus d’être mobiles, les ressorts et autres boulons de fixation des sièges non rembourré dont la garniture n’est plus qu’un vieux souvenir, usés, chatouillent douloureusement le bas du dos ; le tout couronné tout au long de ce parcours infernal par l’excès de vitesse et souvent la surcharge pour boucler la boucle et faire du voyageur, à l’arrivée, une loque humaine vacillante et étourdie sous l’effet de cette ‘’chevauchée sauvage‘’. Les personnes qui sont le plus éprouvées par ces ‘’expéditions‘’ sont les plus âgées, les malades ou les femmes enceintes affichant un air d’exténuation avant de commencer leur journée. Voyager dans ces tas de ferraille n’est pas de tout repos ; de plus, parmi ces transporteurs figurent ceux qui ne sont que des fraudeurs et des clandestins non autorisés, par conséquent, non enregistrés, autrement dit, non soumis à l’obligation d’un quelconque calendrier de contrôle des services concernés. Un cas qui découle de la période où la région vivait une véritable crise de transport, période durant laquelle l’Etat fermait les yeux sur ces fraudeurs qui contribuaient à réduire les effets de la crise. Toutefois, aujourd’hui que cette filière a carrément explosé il est grand temps d’y mettre de l’ordre, vu que la quantité n’a pas été suivie par la qualité. Passe encore quand il s’agit, seulement, du confort, étant donné que ces fourgons assurent des dessertes dont la plus longue ne dépasse pas les 10 kms. Mais, quand l’état de ces véhicules et la façon dont ils sont conduits exposent les voyageurs à des risques d’accidents à chaque détour d’un virage, notamment durant cette saison humide, les autorités doivent s’impliquer. L’ingérence de l’Etat à travers ses contrôles techniques et les services concernés en charge de la sécurité routière est plus qu’indispensable. Des opérations, genre coup de poing dans cette activité sont une nécessité absolue, surtout en période scolaire, quand ces fourgons font le plein d’élèves à longueur de journées, d’autant plus que la recette de fin de journée dépend du nombre de navettes effectuées, ce qui explique la conduite à tombeau ouvert et la course poursuite qu’engagent entre eux certains de ces transporteurs inconscients. La seule chose dont ils se soucient reste le gain quotidien. Aucune notion de service public ni d’entretien de leur gagne-pain ou de sécurité des voyageurs. Il faut, impérativement et strictement, appliquer la réglementation régissant ce secteur.

Oulaid Soualah

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