Djaâd était un concept…

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Faycel Ben Medjahed

D’anciens collègues m’ont demandé d’écrire quelques mots-témoignages en hommage à Abdelkrim Djaâd, puisque nous travaillions ensemble à Algérie Actualité sortions ensemble, galérions ensemble et habitions ensemble le même immeuble à Bab Ezzouar avec Kheiredine Ameyar, Blidi Maachou, Ali Bahmane et aami Slimane, l’un des chauffeurs du journal. Moi, je ne trouve pas les mots pour dire Djaâd. Quels mots d’ailleurs trouverais-je pour définir un concept ? Toute l’équipe de ce journal était un concept de presse en milieu hostile. Ce n’est pas facile de définir un concept à facettes multiples, aussi variées que les idées de liberté qui le nourrissaient. Deux souvenirs cependant. En 1980, Abdelkrim avait réalisé un formidable reportage sur les événements qui secouaient alors la Kabylie, ce que l’on appela « le printemps berbère ». Après une bagarre et des négociations ardues avec ceux qui nous gouvernaient, la direction du journal, avec l’appui de l’équipe, prit la responsabilité de publier le reportage de Djaâd. Et le ciel s’était éclairci par la grâce d’un article sorti du cœur et de la raison ! En 1982, nous étions presque les seuls (lui et moi) à dire que l’équipe nationale de foot allait faire la nique à la Manschaft. Au premier but, je me suis précipité hors de chez moi pour aller partager ma joie avec Abdelkrim ; surprise, je le rencontre dans l’escalier venant lui aussi chez moi ; il m’a sauté au cou comme s’il avait marqué le but. Et Ameyar (allah Irahmou), aux anges, avec sa gouaille habituelle ouvrit sa porte pour nous traiter affectueusement de « Misérables »! On s’est embrassé et chacun rejoignit son bercail et sa télé. Au deuxième but, même scénario dans l’escalier qui séparait nos humbles demeures. Nous avions foi en ce pays. Passant de sujets lourds à un élan de bonheur éphémère. Voilà ce qu’était notre équipe. Voilà Djaâd !                                                                    

                                                                   

F. B. M.

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