«Le cinéma amazigh a fait un grand pas»

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Natif de Mekla, Slimane Hammoudi, militant de la cause amazighe, ne cesse de sillonner la Kabylie entière pour donner un coup de main aux jeunes cinéastes qui se lancent de plus en plusdans la production de films amazighs.

En dépit de son âge un peu avancé Dda Slimane, ne décline aucune sollicitation d’où qu’elle vienne pour s’engager dans cet art pour uniquement la promotion de la production amazighe. Très connu pour avoir occupé des rôles dans plusieurs films, on le retrouve dans le film «Ladjwev N’Dunith» de la réalisatrice Malika Tazekrat aux côtés d’autres artistes telle Tassadit Djebara et bien d’autres. Dans cet entretien, il revient justement sur toutes ses motivations.

-La Dépêche de Kabylie : qui est Slimane Hammoudi ?

– Slimane Hammoudi : Eh bien, tout d’abord, je suis artiste. Je suis né en 1953 à Mekla. Actuellement, je suis en retraite, mais je me consacre au cinéma aux côtés de nos jeunes qui s’organisent et qui produisent des films, des sketches, des pièces de théâtre en tamazight. Et c’est mon grand plaisir de découvrir cet engagement pour la promotion de notre culture.

– Peut-on savoir pourquoi Dda Slimane est venu au cinéma ?

– Mais, bien sûr. C’était un rêve de jeunesse. J’ai vécu comme les enfants de mon âge dans le besoin et la misère d’autant plus que j’ai perdu mon père à l’âge de sept ans et que ma mère n’avait aucune ressource. Tout de même, j’ai continué mes études. Comme les enfants de mon époque, j’étais attiré par la musique et surtout la poésie. Quant au cinéma, je l’aimais beaucoup, mais tout nous manquait à cette époque-là.

– Et puis après ?

– Au début des années 70, j’ai commencé à écrire des poèmes en tamazight et à cette époque-là je correspondais avec les représentants de l’Académie berbère (Agraw Imazighen) créée en France par des militants de la cause et notamment M. Bessaoud Mohand Arav. C’est à partir de ce temps que j’ai eu l’idée de contribuer à ma façon à la promotion de notre langue. J’ai alors composé pas moins de quatre vingt poèmes ayant pour thèmes surtout Tayri, la misère sociale, le rejet de notre identité…

-Maintenant, parlons surtout de vos débuts dans le cinéma.

– C’est en 2006 que le réalisateur Amar Arab m’a fait appel pour prendre part à quelques productions. D’ailleurs, mes premiers rôles m’ont propulsé aux devants de la scène.

– Citez nous quelques films où vous avez pris des rôles.

– Pour réussir, l’acteur ne doit pas choisir des rôles précis. Il faut accepter n’importe quelle place. C’est ce que je fais actuellement. J’ai alors joué dans «Lavghi nagh tsamara», un court métrage, puis «Ger sin wulawen», en d’autres termes «entre deux cœurs» , aux côtés de la chanteuse Maylès, de Tassadit Djebara et bien d’autres acteurs, «gar lyes du sirem», c’est-à-dire, «entre espoir et désespoir», Tayri Iqarihen, puis Araw n’tmurt et Ighissi. Pour le film «Lajwev n’dunith», c’est le caméraman Merzouk Fidallah qui m’a fait appel et j’ai pris le rôle du père d’une famille pauvre. Je joue aussi dans un film de quatorze épisodes qui n’est pas encore achevé depuis 2012 dont le titre est Tilufa «les problèmes». Je figure aussi dans une production de Farid Hamenad dont le titre est «Thlissa n’ ldjdud».

– Dda Slimane, comment voyez-vous la production cinématographique amazighe ?

– Je suis entièrement satisfait. Elle a fait un grand pas. Si nos producteurs et nos acteurs ont des moyens, j’avouerai qu’ils feront des miracles. Nous constatons quand même que chaque année il y a des films qui sont projetés en tamazight. C’est déjà un bon signe pour peu que l’on encourage les compétences à émerger.

– Le mot de la fin ?

– Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir ouvert vos colonnes pour m’exprimer et puis pour conclure, mon grand souhait est de voir la culture amazighe en générale et le cinéma amazigh en particulier en progression constante.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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