Drogba et Eto'o, un vide immense à combler

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Une nouvelle ère a débuté en Afrique, orpheline des légendaires Didier Drogba et Samuel Eto’o, dont la Côte d’Ivoire et le Cameroun tenteront, tant bien que mal, de combler le vide à lors de la CAN-2015. C’est une page glorieuse qui s’est tournée à l’issue du Mondial-2014, marqué par la retraite internationale des deux plus grands joueurs africains de ces 15 dernières années. Jamais depuis 2000, le tournoi continental ne s’était déroulé sans ces deux immenses attaquants, les seuls à avoir pu s’imposer en Europe, dont ils sont devenus des figures familières et où ils ont brandi les trophées les plus prestigieux. Eto’o, exilé à Everton, pèse, à lui seul, trois Ligues des champions avec le FC Barcelone (2006, 2009, avec à chaque fois un but en finale) et l’Inter Milan (2010). Drogba, révélé à Marseille avant de devenir le symbole du Chelsea de Roman Abramovitch, a connu sur le tard la consécration en C1 en 2012, après avoir porté les Blues vers les sommets anglais durant 8 années (2004-2012). Il est revenu à Londres à l’été 2014 pour y retrouver son mentor José Mourinho. C’est dire, le poids de leur absence au sein de sélections dont ils ont longtemps assumé le capitanat. Pour la Côte d’Ivoire et le Cameroun, cette Coupe d’Afrique est une sorte de plongée dans l’inconnu, même si les deux joueurs étaient déjà sur le déclin depuis un bon moment. « On ne peut pas se passer des meilleurs joueurs dans une grande compétition. Maintenant, la page est tournée. L’effectif n’est plus le même par rapport à la Côte d’Ivoire finaliste en 2010 et 2012. Il faut passer à des choses moins bling bling mais plus efficaces », déclare le sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Hervé Renard.

Qui reprendra le flambeau ? 

Le leadership est désormais assuré chez les Eléphants par Yaya Touré. Lourde responsabilité pour le quadruple meilleur joueur africain, tant l’aura de Drogba dépassait le cadre strictement sportif. L’ancien Marseillais, véritable ambassadeur de la Côte d’Ivoire à l’étranger, avait ainsi joué un rôle actif pour la réconciliation nationale dans un pays déchiré par la guerre civile (2002-2007), en organisant, notamment en 2007, un match de la sélection à Bouaké fief de la rébellion, et en faisant partie de la Commission vérité et réconciliation en 2011. Son seul regret: ne pas avoir brandi la Coupe d’Afrique, qui échappe aux Eléphants depuis 1992. Pour Eto’o, tout a débuté de manière idyllique en sélection avec deux succès à la CAN (2000, 2002) et une médaille d’or olympique à Sydney (2000). La suite fut beaucoup plus laborieuse, la mégalomanie du personnage, adepte des phrases à la troisième personne du singulier, et les problèmes d’intendance récurrents des Lions Indomptables finissant par peser sur le groupe avant un crash monumental au Mondial-2014 (lourdes défaites contre la Croatie et le Brésil, altercation entre deux joueurs en plein match,…). Stéphane Mbia, qui a hérité du brassard après le départ d’Eto’o, a tout de même voulu réhabiliter son ex-partenaire dimanche. « Certains n’ont pas accepté sa façon de vivre et d’être mais c’est un bon gars », a-t-il lâché. 

Reste à savoir qui aura les épaules assez larges pour reprendre le flambeau sur le terrain. Plus globalement, la succession de ces deux monstres sacrés est maintenant ouverte sur le continent, et toute l’Afrique se demande qui seront les Drogba et Eto’o de demain. Le buteur de Dortmund, Pierre-Emerick Aubameyang, qui a ouvert le score pour le Gabon samedi face au Burkina Faso (2-0), a déjà pris date et lorgne sans complexe le trône laissé vacant par les deux illustres attaquants. « J’essaie de faire le max pour devenir un grand comme Drogba et Eto’o », a-t-il confié. Il ne doit pas être le seul.

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