« Non à l’exclusion, non au favoritisme »

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Le chef-lieu de la daïra de Sour El-Ghozlane, sis à une quarantaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira, a connu dans la matinée d’hier, une journée des plus mouvementées. 

Les « exclus » de la liste des 200 logements sociaux, au moins 300 personnes selon nos estimations, sont revenus à la charge, en organisant un sit-in devant le siège de la daïra, puis, ils finiront par le fermer littéralement. L’imposant dispositif sécuritaire mobilisé sur place, au moins une dizaine de bus des unités anti-émeutes (URS), a dissuadé les contestataires d’y entrer ou de saccager les édifices publics aux alentours. Certains contestataires affirment que la liste comportaient des noms de bénéficiaires qui n’étaient pas dans le besoin, en rappelant qu’eux (les manifestants) avaient déposé des demandes depuis plusieurs années, sans bénéficier d’un logement, bien qu’ils se trouvent à l’étroit ou, comme l’ont affirmé certains, carrément sans toit. « Mon dossier de demande de logement traîne dans leurs locaux depuis 1998 !», s’exclamera Karim père de 5 enfants et qui se dit «  lésé » par les autorités. Avant d’enchaîner : «Je survis depuis plusieurs années dans des conditions lamentables, avec ma femme, ma mère et mes cinq enfants, dans un gourbi composé de deux pièces seulement ! Ils (les autorités, ndlr) sont bien au courant de ma situation, car j’ai reçu plusieurs fois dans ma maison la commission d’attribution des logements. Mais, à ma grande surprise, mon nom a été rayé de la liste finale, bien que j’y ouvre droit, vu ma situation et ma fiche de paie ». Les manifestants en colère brandissaient des banderoles, où l’on pouvait notamment lire : « Non à l’exclusion, non au favoritisme », ou bien «Nous exigeons une commission d’enquête». À travers cette nouvelle action, les exclus de ladite liste ont dénoncé le fait que « des individus touchant plus de 24 000 DA/mois aient été exclus de la liste. Les autorités, notamment le chef de daïra, ont été injustes envers nous », ont-ils scandé. Un manifestant approché nous indiquera que « des personnes ayant une fiche de paie de plus de 45 000 DA ont été maintenus. On exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire. », a-t-il dénoncé. D’autres protestataires affirment que des citoyens non-résidents dans la commune ont bénéficié de ce quota de logement. « L’on dénombre des gens nés à Sidi Aïssa (wilaya de M’sila), à Alger ou Tablat (wilaya de Médéa) sont inclus dans la liste des bénéficiaires. Les protestataires réclament l’annulation pure et simple de cette liste de bénéficiaires ainsi que l’envoi d’une commission d’enquête de la wilaya de Bouira, pour s’enquérir des conditions d’élaboration de cette liste. Parmi les contestataires, l’on signale même certaines tentatives de suicide. « Certaines personnes se sont ouvert les veines à l’aide de couteaux et d’objets tranchants, alors que d’autres ont essayé de s’immoler, n’était-ce l’intervention des éléments de la Protection civile, qui avaient réussi à les empêcher de commettre l’irréparable», affirme un autre citoyen de la même localité. Les manifestants demandent également l’intervention du wali de Bouira, par l’envoi d’une commission d’enquête, afin de tirer au clair les circonstances exactes de la confection de la liste des bénéficiaires ainsi que les conditions prises en considération dans cette opération. Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, nous avons tenté de prendre attache avec le chef de daïra de Sour El Ghozlane, mais ce dernier, semble-t-il, n’était pas enclin à nous recevoir.

Ramdane.B

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