Les légumes secs et verts intouchables

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Jamais, selon des citoyens de la région, il n’a été enregistré par le passé une telle flambée des prix des denrées alimentaires, notamment celles classées à large consommation. Les pères de familles aux faibles revenus ne savent plus comment garnir la marmite et offrir à leurs progénitures un semblant de repas équilibré. En effet, depuis le début du mois de janvier, les prix des fruits et légumes (frais et secs) ont entamé une ascension vertigineuse pour atteindre des sommets inimaginables. L’haricot blanc affiche les 220 DA, le poix-chiche les 250 DA, les lentilles les 160 DA, les poix-cassés et petit-pois les 170 DA. Des prix hallucinants qui ont rejoint et dépassé ceux des légumes verts, avec la courgette qui se vend à 160 DA, les fenouils à 100 DA, le piment vert à 150 DA, la pomme de terre à 70 DA, la tomate à 120 DA, l’oignon à 60 DA et j’en passe. Cela pour ne citer que les plus essentiels, largement consommés. Quant aux viandes, la majorité des chefs de famille n’y songent même pas à s’en approcher des étals, avec le poulet qui frôle les 400 DA le kg, la viande bovine à 850 DA et celle ovine à 1 000 DA. Les vieilles mères de famille dénomment cette période d’hiver « laz ouqesul » (la famine de la marmite), non pas à cause de la cherté mais à cause de la rareté à cette époque durant la période humide, des fruits et légumes. Mais à l’heure actuelle, avec tous les moyens existant comme véhicules utilitaires pour le transport, frigidaires et chambres froides pour le stock et la conservation, ajouté à des maraichères cultivés deux fois par année (saison et arrière saison), les pénuries ont sensiblement reculées ; bien mieux, l’offre est bien souvent supérieure à la demande au niveau des marchés, le tout couronné par une multiplication de spéculateurs intervenant dans cette filière plutôt juteuse. La raison est à rechercher ailleurs, telle que la chute surmédiatisée des prix du pétrole, la dévaluation du dinar amplifiée par le vox populi et l’absence des services de l’état en charge de la régulation du marché et ceux de la protection du pauvre consommateur, qui se retrouve ainsi livré pieds et poings liés à une surenchère débridée et des marchés anarchiques où chacun n’en fait qu’à sa tète. En attendant que la fièvre de l’inflation ne tombe, si elle viendrait à tomber un jour, le pauvre chef de famille et la ménagère n’ont d’autres solutions que d’affronter la tête baissée les regards réprobateurs de leurs enfants qui s’étonnent du brusque appauvrissement de leurs assiettes.

Oulaid Soualah

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