Les Camerounais ont donné le surnom de Sorcier Blanc à Claude Le Roy durant son premier passage en Afrique en 1985. Le technicien français a posé les fondations techniques des Lions Indomptables qui atteindront ensuite les quarts de finale de la Coupe du Monde de la FIFA en 1990, une première pour une équipe africaine. Alors âgé de 37 ans, Claude Le Roy a décidé de faire ses valises pour l’Afrique et de prendre les rênes de la sélection camerounaise. « Je suis né dans une famille qui aime l’Afrique », raconte Le Roy au micro de FIFA.com. « Mes parents me parlaient beaucoup de ce continent. Dès que j’ai reçu la proposition du Cameroun, j’ai accepté sans hésiter car je voulais découvrir de près ce continent. C’est une histoire d’amour sans fin. Ma femme, mes filles et moi-même sommes amoureux de l’Afrique. J’y ai trouvé l’amour, l’humilité et la simplicité. Je ne me vois plus vivre ailleurs que sur ce continent ». Durant ses 20 années passées sur le Continent Mère, Le Roy a côtoyé plusieurs générations de joueurs. Il est à l’origine de l’éclosion de plusieurs stars telles qu’André Kana-Biyik, Samuel Eto’o, Joseph-Désiré Job, Pierre Womé et Lomana LuaLua. En ce qui concerne les entraîneurs, Hervé Renard est son ancien élève et il lui doit beaucoup.
Des pierres, des balles, un trophée
S’il a laissé de bons souvenirs partout, il en a aussi gardé certains dont il se serait bien passé… « Un jour, nous nous sommes entraînés dans un jardin public, avec des pierres pour faire les buts. Une autre fois, nous avons entendu des coups de feu nourris à proximité », se souvient-il, avant d’évoquer des moments plus heureux. « Je ne pourrai jamais oublier la victoire en Coupe d’Afrique 1988. Les joueurs étaient jeunes et nous avons été accueillis par un million de personnes dans les rues de Yaoundé ! » Deux ans seulement après sa prise de fonction au Cameroun, Le Roy a atteint la finale de la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 1986, perdue aux tirs au but face à l’Égypte. À l’édition suivante, au Maroc en 1988, il a offert au Cameroun son deuxième trophée continental. Il s’est ensuite baladé entre plusieurs sélections africaines, avec lesquelles il a disputé huit Coupes d’Afrique. « Les chiffres ne m’intéressent pas. L’important, c’est la joie que je peux apporter à mes équipes », estime l’actuel sélectionneur du Congo. « Je suis très heureux d’avoir qualifié mon équipe pour la CAN après une absence de 15 ans, puis de l’avoir emmenée jusqu’en quarts de finale après 23 ans d’attente ». Une performance considérée – logiquement – comme un exploit, mais qui ne doit rien au hasard pour son entraîneur. « Au Congo, tout le monde parle de cette équipe de guerriers. Cette performance est le fruit du travail de tout un peuple », assure Le Roy. « Lors des qualifications, nous avons éliminé le Nigeria. Durant la phase de groupes, nous avons devancé le Burkina Faso, finaliste de l’édition précédente. »
Une arme à double tranchant
En quart de finale de Guinée Équatoriale 2015, Le Roy va rencontrer son ancienne équipe de la RD Congo. « Je suis vraiment heureux de les affronter. J’ai conservé de bonnes relations avec la plupart des joueurs, des membres du staff technique et des dirigeants », assure le technicien français, qui s’attend à souffrir. « Ça ne sera pas un match facile car ils ont un gros potentiel. Le TP Mazembe a été finaliste de la Coupe du Monde des Clubs et a remporté plusieurs Ligues des champions africaines. Ils ont conservé la même formation qu’en Afrique du Sud en 2013. Ils ont des joueurs talentueux, mais nous allons tout faire pour les battre ».
Le Roy possède l’avantage de très bien connaître ses adversaires, mais il considère cela comme « une arme à double tranchant, car les joueurs peuvent être motivés par le désir de gagner contre leur ancien entraîneur ». Il pourrait en dire autant de nombreux autres joueurs africains, étant donné que le Congo est la sélection africaine qu’il dirige. « Ici, vous trouvez la matière brute. L’Afrique a beaucoup changé depuis ma première venue en 1985, mais elle reste un continent exportateur de stars », explique-t-il. « Aucun pays ne peut se passer des talents africains ». En Afrique, Claude Le Roy a brandi le trophée continental et franchi avec succès les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA mais à 66 ans, il ne se voit toujours pas prendre sa retraite. « Je peux encore faire beaucoup de choses, je ne connais pas le mot ‘retraite' », annonce-t-il, assurant avoir obtenu de nombreuses offres. « Je vais décider très prochainement de ma future destination. » On ne prendra pas un gros risque en imaginant que ce pourrait être sur un banc africain…

