Ces zones d’«inactivités»…

Partager

Les zones industrielles et autres zones d’activités à Bouira sont en tous points similaires à notre équipe nationale de football.

Comment ? Tout le monde en parle, elles font couler beaucoup d’encre, elles suscitent moult espoirs, et, au final, c’est une montagne qui accouche d’une sourie. En effet, depuis le temps que les responsables locaux se targuent de vouloir faire de Bouira une sorte de « Détroit » toutes proportions gardées bien-sûr, les citoyens n’ont toujours rien vu venir. Pour ce qui des zones d’activités, il en existe six (06) à l’échelle de la wilaya de Bouira, du moins sur le papier. Ces zones sont implantées à Lakhdaria, Taghzout, Aomar, Sour El Ghozlane, Bechloul et El Esnam. Mais entre ce qui est présenté comme une zone d’activités et l’état réel des choses, il y a, pour ainsi dire, tout un monde ! Aussi bien à Bechloul qu’à Sour El Ghozlane ou encore à Lakhdaria, ces périmètres sont quasiment à l’abandon. Le visiteur ne perçoit aucune activité digne de ce nom. Juste des hangars par ci par là quelques murs de clôture, des bornages et quelques mètres cubes de gravats et autres bouts de ferrailles disséminés aux alentours. Pour le reste, à savoir des usines qui tournent à plein régime et des ouvriers qui travaillent comme des forcenés, ça serait plutôt : circulez, il n’y a rien à voir. À Aomar, l’une des rares si ce n’est l’unique zone où on peut desceller un semblant d’activités, l’aménagement y fait cruellement défaut. Pour preuve, le premier magistrat de Bouira, M. Nacer Maaskri, n’avait pas hésité à qualifier cette zone de «champ de patates», lors de sa dernière visite à ce site. Il faut dire que les commodités de bases, telles que le réseau d’AEP, l’assainissement et l’éclairage public, y sont totalement absentes. Dans le but de remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont décidé en 2013, de tracer un programme de «mise à niveau» des six zones d’activités. Ce programme de réhabilitation devait permettre une «amélioration immédiate de l’environnement, qui induira une amélioration de l’attractivité», dira M. Maaskri. Les travaux, prévus à l’époque au niveau de ces zones, portaient sur le renouvellement des réseaux de voirie, l’assainissement et l’éclairage public. Les mêmes sources indiquent que sur les 6 zones d’activités concernées par ces travaux de réhabilitation, quatre ont vu leurs chantiers «timidement» lancés, notamment à Bouira, Taghzout, Lakhdaria et Aomar. Une enveloppe budgétaire globale estimée à plus de 522 millions de dinars leur a été allouée. Deux ans plus tard, la situation n’a quasiment pas changé. C’est toujours la léthargie qui prédomine. La zone d’Aomar, la plus prometteuse d’entre toutes, enregistre un taux d’avancement du chantier de mise à niveau de l’ordre de 40%, selon sa fiche technique. Face à ces retards qu’ils qualifient « d’inacceptables », les investisseurs au niveau du site ont saisi l’occasion de la dernière visite des autorités locales pour exprimer leur « désarroi » quant à cette situation. Mais le comble de l’absurde réside dans le fait que les autorités, au lieu de se préoccuper de la relance des zones déjà existantes, ils envisagent la création d’autres sites. Au total, 13 sites ont été retenus à travers le territoire de la wilaya en vue de créer de nouvelles zones d’activités, a annoncé M. Achouri, directeur de l’industrie et des PME/PMI. Selon le même responsable, le processus de création de ces nouvelles zones est en phase de préparation et devra passer par les délibérations au niveau des APC concernées. 

Sidi Khaled, ou «l’Eldorado» gâché

Le tableau n’est guère plus reluisant du côté de la future zone industrielle de Sidi Khaled, sise dans la commune d’Oued El Bardi. Cette zone, qui connaît, depuis 2004, une vaste opération de réhabilitation pour une enveloppe de 240 millions de dinars, peine toujours à décoller. Lors de la visite du Premier ministre à Bouira, les autorités locales ont «fait croire» à M. Sellal que 32 projets d’investissement, dont une laiterie, une unité de production d’adducteurs en ciment, un port sec pour véhicules, une unité de production d’éponge industrielle, une unité de menuiserie en bois et en aluminium et un complexe agroalimentaire sont « en cours de lancement » ; mais, dans les faits, ce n’est pas tout à fait exact. Le mot le plus approprié serait plutôt «en cours de réalisation», car ni le port sec, ni la laiterie ne sont opérationnels. Certains évoquent même une éventuelle usine d’assemblage d’automobiles. Certes, sur les fiches techniques, Sidi Khaled s’assimilerait à un «Eldorado», où les investisseurs se ruent des quatre coins du pays et même de l’étranger. Mais, pour l’heure, il faut arrêter de rêvasser et admettre un fait indéniable : La zone industrielle de Sidi Khaled n’a d’industrielle que le nom. Mais pourquoi cette zone piétine-t-elle tant ? Une fois n’est pas coutume ; les autorités n’y sont pour rien dans cette histoire. C’est plutôt vers les investisseurs, du moins une partie d’entre eux, qu’il faudrait se tourner. En effet et en dépit des facilitations accordées par l’Etat, notamment la création d’un guichet unique et la levée des entraves administratives pour les investisseurs, ces derniers, du moins certains d’entre eux, continuent à « traîner la patte » dans la concrétisation de leurs projets. Les autorités, à leur tête le wali et le directeur de l’industrie et des PME/PMI, ont pour ainsi dire «usé» leurs souliers en se déplaçant sur les lieux de manière régulière, afin d’inspecter l’avancée des projets. Mais, à chaque fois, un seul constat prédomine : le retard. Pour preuve, sur 72 investisseurs présents, 13 seulement sont en activité 29 projets sont en cours de réalisation, 17 en cours de lancement et 22 sont à l’arrêt. Cette situation est jugée insatisfaisante par le wali, qui n’a pas hésité à le faire savoir. «Je constate, non sans déception, que certains d’entre vous (investisseurs, ndlr) n’ont pas honoré leurs engagements. C’est fort regrettable! », a-t-il déploré. En guise de « sanction », le même responsable infligera des mises en demeure à tour de bras. D’ailleurs, sur une vingtaine d’entreprises inspectées, sept d’entre elles se sont vues imposer des mises en demeure pour non-respect des délais contractuels. D’autres, qui ont «abandonné» leurs concessions, ont été carrément rayées de la liste et ont été priées de restituer les terrains d’assiette. Preuve que les autorités font tout pour accélérer la cadence au niveau de cette zone, une commission composée des différents membres de l’exécutif de la wilaya et chapeautée par le secrétaire général de celle-ci, M. Ahmed Menguellati, s’est déplacée au mois de décembre dernier sur le site de la zone industrielle, dans le but de faciliter la tâche aux investisseurs. En effet, le directeur local d’Algérie Télécom s’est engagé à fournir à l’ensemble des investisseurs un raccordement à l’ADSL, ainsi qu’un accès direct au MSAN, et ce, d’ici la fin de janvier écoulé. Idem pour les directeurs des ressources en eaux ainsi que celui de l’énergie et des mines qui ont conclu un accord de principe, dans le but d’alimenter en énergie les entrepreneurs implantés. La Direction de l’urbanisme est également mise à contribution, en tâchant d’assurer une parfaite synergie et harmonie entre les contours de la zone et son environnement direct. Mais toujours est-il que la zone de Sidi Khaled connaît un retard non négligeable. Si les pouvoirs publics veulent réellement créer une réelle dynamique industrielle à Bouira, il faudrait peut-être opter pour un cahier de charge plus rigoureux envers les investisseurs et sévir contre ceux qui «traînent la patte», car il ne faudrait pas perdre de vue que c’est l’avenir de toute une région et des milliers de postes d’emploi qui sont en jeu.

Ramdane Bourahla

Partager