«la CNAS fait bien avancer les choses pour mieux reculer », ironise, sur un ton sarcastique, Youcef, un assuré social de Sidi Aich. Son péché véniel est de ne pas émarger au registre des malades chroniques. « J’ai une ordonnance de 4 200 DA sur les bras. Une ordonnance prescrite bel et bien par mon médecin traitant. Comme je ne suis pas malade chronique, les officines refusent de me servir les médicaments », soutient-il. Un autre assuré social résidant au village Maâla, sur les hauteurs de la ville, rapporte avoir vécu la même mésaventure. « J’ai un traitement médical dont le montant dépasse les 3 000 DA. La pharmacie conventionnée exige de moi un accord préalable de la CNAS. Cette dernière me donne l’avis favorable du médecin-conseil. Et quand je retourne à l’officine pour me faire cette fois servir, on me signifie que je ne peux pas accéder à la prestation au motif que le lecteur de cartes bloque toute ordonnance supérieure à 3 000 DA », témoigne-t-il, ahuri. Bien d’assurés sociaux de la région de Sidi Aich s’estiment pénalisés par ce système « Chifa », conçu pour donner plus de fluidité aux officines et épargner aux malades le stress des remboursements auprès des caisses. Le pauvre malade se retrouve, à son corps défendant, astreint à payer rubis sur l’ongle et se faire rembourser ensuite par la voie classique. Autrement dit, retourner à la case départ, en faisant faire le parcours du combattant à l’assuré pour se faire restituer les 80% du montant de la prescription. « Il y a lieu de s’interroger sur tout le tintamarre fait autour du système de la carte Chifa, censé faire gagner du temps, pour revenir enfin au système anachronique, celui de déposer des ordonnances à la caisse et attendre une éternité pour se faire rembourser », dispose un citoyen du village Remila, affirmant que cette carte ne lui est d’aucun secours. N’est-ce pas que les « pondeurs » de réglementations et autres circulaires sont interpelés plus que jamais pour trouver la bonne formule et être aussi prévoyants que perspicaces ?
N. Maouche
