Imache Amar ressuscité

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«L’œuvre écrite d’Imache Amar, une autre mémoire du mouvement national indépendantiste algérien (années 30)» est le thème de la conférence animée par le maître linguiste M. Chemakh Said, dans l’après-midi d’hier, au petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

Un public nombreux est venu assister à hommage rendu à ce héros du mouvement national algérien, dont M. Chemakh a décortiqué le parcours et l’abnégation, qui ont commencé bien avant la création de l’Etoile nord-africaine. Le conférencier dira : «Depuis 1924, c’est à dire depuis le congrès des ouvriers nord-africains (CONA), le travail d’Imache Amar a été axé sur la sensibilisation de tous les ouvriers, d’abord ceux d’Algérie, puis ceux vivant en France ». En 1926, l’Etoile Nord Africaine (ENA) est née et l’indépendance de l’Algérie fut sa principale revendication. Mais la riposte des autorités françaises fut si brutale que l’Etoile Nord Africaine a été dissoute en Novembre 1929. «Le combat de l’ENA ne s’arrêtera pas là sur initiative d’Imache Amar. Il créa en 1930 le journal El Ouma qui portera et défendra le combat pour l’indépendance », dira M. Chemakh. Il exposera ensuite la bravoure de cet homme qu’il qualifie de vrai nationaliste. D’ailleurs, précise l’orateur, «Imache Amar refuse d’intégrer le PPA, car pour lui, le nouveau parti a un programme trop en retrait par rapport à l’ENA… Là il éditera sa première brochure (L’Algérie au carrefour, la marche vers l’inconnu), dénonçant le projet Blum-violette et la dissolution de l’ENA». Le combat d’Imache ne s’arrêtera pas là dira M Chemakh : «Il publiera une 2ème brochure, à la veille de la deuxième guerre mondiale  (l’Afrique dans l’angoisse) pour mettre en garde les Africains. «Nous devons faire face à un fléau  beaucoup plus destructeur : le fascisme», disait-il. Imache en payera le prix fort. Les Allemands l’arrêteront jusqu’à la fin de la 2ème guerre mondiale». Après le 8 mai 1945, Imache dénonce les massacres commis à Setif, Kherrata et Guelma dans sa troisième brochure intitulée (L’heure de l’élite). M Chemakh dira également qu’Imache avait exhorté les hommes dans sa 4ème brochure (Cyclones sur le monde) à cesser de s’entretuer s’ils ne voulaient pas connaître une troisième guerre mondiale. M. Karim Salhi, enseignant en histoire, a quant à lui animé une autre communication intitulée «le rêve d’Amar Imache : une nation Algérienne enracinée dans son histoire ». Il dira que le héros a été victime d’ostracisme  dans la mémoire collective : «Il est de notre devoir de rendre visible ce personnage et de communiquer son legs aux jeunes générations. Il faut savoir que ce héros national est victime de l’historiographie et de l’oubli…». M Salhi fera l’éloge de l’homme, disant qu’il est l’un des rares nationalistes à écrire en réaction à des événements et ce n’est pas une écriture poste, c’est-à-dire, d’une mémoire qu’il écrira doucement, tranquillement. D’ailleurs, ajoutera l’orateur, «son livre ’’L’Algérie au carrefour’’ montre qu’Imache a écrit en réaction direct aux différents événements. En février 1947, cet enfant d’Aït Mesbah décide de rentrer en Algérie. La prison l’a durement marqué. Il rédige sa dernière lettre d’adieu aux émigrés dans laquelle il les incite à s’unir, à s’aimer, à se solidariser et à dépasser leurs divergences pour n’avoir comme seul objectif que la libération de l’Algérie. Il adressera un second message aux militants du PPA qu’il met en garde contre le culte de la personnalité. En 1960, plus précisément dans la nuit du 6 au 7 février, Imache Amar quitta ce monde à jamais.

M.Zerbout

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