Le manque de carburant, du lait en sachet surtout, car celui-là est le plus accessible aux moins payés, a fait que le phénomène des chaînes interminables devienne monnaie courante presque dans toutes les localités de la wilaya de Béjaïa. Cela est constaté un peut partout : devant les stations Naftal, devant les points de vente du gaz butane ou encore chez les détaillants et commerçants d’alimentation générale. Hélas, le phénomène des chaînes interminables n’est pas le seul à signer son retour ; les pratiques les plus désolantes, à l’image des ventes concomitantes, ou des ventes à « la tête du client » pointent du nez, et cela concerne particulièrement le lait en sachet qui s’écoule en l’espace de quelques minutes juste après l’arrivée du camion de livraison. Tant mieux pour les propriétaires de superettes et autres magasins de détails qui ne voient plus leur marchandise se transformer en lait caillé dans des caisses de vente. Mais cet état de fait va droit à la spéculation, selon un gérant d’une supérette à Amizour. Celui-ci dévoila que certains clients arrivent à stocker des dizaines de sachets chez eux, alors que d’autres n’arrivent même pas à s’en procurer un seul. Cet interlocuteur, et par souci de mettre fin à cela, a limité à quatre le nombre de sachets attribués à chaque client. Mais ailleurs, ce n’est guère le même son de cloche. En effet, dans plusieurs endroits, l’on ne sait à quel moment arrive le livreur du lait, et les gérants de certains points de vente n’ont qu’une seule phrase qui se répète tel un leitmotiv : « désolé pas de lait pour aujourd’hui ». Devant cet état de fait, une question s’impose : où sont-ils donc passés les 24 000 litres de lait fabriqués chaque jour par les laiteries de la wilaya ? « Facile à trouver du lait, ironisa un citoyen, il suffit de bien connaître un détaillant, ou d’être son client fidèle pour avoir droit à un quota quotidien de lait ». Une réalité amère que celle de voir, qu’en 2015, le lait en sachet et autres bonbonnes de gaz butane se vendent par téléphone et par connaissance, synonyme de ce que le commun des Algériens appelle « piston ». Des pratiques qui, malheureusement, ne se limitent pas à la consommation, mais qui engendrent même de la corruption.
Nadir Touati
