Les deux syndicats, reçus hier séparément par Boubekeur Benbouzid au niveau de son ministère, répondant ainsi à son appel au dialogue lancé au lendemain du dépôt de préavis de grève, ne semble pas entendre les arguments de leur tutelle de la même oreille. Pour le SNTE, le dialogue est d’ores et déjà amorcé, même s’il n’écarte pas l’éventualité de dégeler la grève en cas de non satisfaction de sa plate-forme de revendications. L’UNPEF semble, en revanche, plus catégorique. Pas de marche arrière sans satisfaction des revendications. Peu convaincus des pourparlers entamés hier à huis clos et qualifiés de « protocolaires », les dirigeants, à leur tête M. Ider, le secrétaire national, ont résolu de reprendre langue aujourd’hui avec leur tutelle pour y continuer les discussions interrompues faute de temps. Ider a tenu, par contre, à préciser, que conformément à ce qui a découlé de la réunion de la Coordination intersyndicale tenue vendredi dernier, l’UNPEF n’a fait que représenter ses adhérents. Elle n’a toutefois pas raté cette occasion propice pour essayer de persuader le premier responsable du secteur d’ouvrir le dialogue avec toute la composante de la coordination, étant donné que l’initiation du mouvement de protestation émane des cinq syndicats, à savoir le CLA, le CNAPEST, le SETE-Béjaia et la SATEF sans oublier l’UNPEF. En réponse, le ministre a rétorqué par un refus, souligne Ider. Celui-ci ajoute : « Le ministre nous a dit qu’on n’a pas le droit de se constituer au sein d’une coordination avec des syndicats non agrées ». Et d’ajouter « Le ministre veut coûte que coûte mettre en cause la coordination tout en la qualifiant d’illégale, il nous a demandé de lever le préavis de grève, chose que nous avons refusée ». L’orateur ajoute dans le même sens que l’UNPEF est plus que jamais déterminée à maintenir la pression. Le mot d’ordre du débrayage est maintenu et il ne sera pas suspendu, sauf si les quatre points, constituant la plate forme de revendications, établie par la Coordination soit résolue dans toute son intégralité. La participation des autres syndicats au dialogue avec la tutelle n’est pas, aux yeux de Ider, une fin en soi, l’essentiel est d’avoir gain de cause.Pour ce qui est du CLA et du CNAPEST, la question du maintien de la grève est irréversible. « Nous ne reviendrons pas sur notre décision avant que notre tutelle ne nous ouvre les portes du dialogue », lance Osmane du CLA. Idem pour le CNAPEST qui estime que la grève demeure leur ultime recours pour faire valoir leurs doléances. Le CLA estime, dans un communiqué parvenu à notre rédaction, que l’appel « unilatéral » du dialogue lancé par le département de Benbouzid est « dérisoire » car il ne vise que « de faire accroire à l’opinion publique » et « ignorer l’existence d’une force syndicale ». Contacté hier par nos soins, Osmane a fait savoir qu’il a été convoqué hier par la police sur instruction du procureur pour incitation à la grève. « C’est une opération d’intimidation » s’est –il insurgé.
Wassila Ould Hamouda