Remède ou aliment ? Le miel est à la fois l’un et l’autre.
Car si l’on se réfère à l’histoire, on se rend compte combien, dans l’antiquité cette nourriture des dieux, cette ambroisie était recherchée par les hommes et par certains animaux comme les ours : elle donne force et santé. Quand la découverte en a été-t-elle faite par les hommes ? Difficile à dire. L’homme la doit-il à son instinct de cueilleur de fruits ou à son instinct de chasseur ? Ou est-ce encore à son don d’observation, en regardant certains animaux, comme l’ours par exemple, en chercher dans les bois et en manger? Comment savoir ? On en est réduit en l’occurrence à la conjecture. Ce qui est certain, c’est qu’Hippocrate, le père de la médecine, conseillait le miel pour ses malades et le résultat ne se faisait pas attendre, soit qu’on l’applique par voie orale, soit qu’on s’en serve pour un usage épidermique comme une simple pommade. Mais le miel était présent à la table des rois comme du plus simple des manants. C’était un mets très nourricier, car il contient beaucoup de vitamines et était très apprécié pour son goût sucré et parfumé. Aujourd’hui, nos habitudes alimentaires ont peu changé vis-à-vis de cet aliment, que le président de l’association des apiculteurs de Bouira considère à juste titre comme possédant des vertus thérapeutiques évidentes. Pour ce responsable qui est aussi éleveur, il y a autant de variétés de miel qu’il existe de fleurs. D’où la couleur que prend chaque variété. « Rappelons que l’année écoulée a été juste moyenne pour notre wilaya, avec 6 000 quintaux », estimait-il. Et d’ajouter : « une bonne année se situerait autour de 7000 quintaux et plus, et une mauvaise en dessous de 5 000 quintaux ». Présent à la foire du miel qui se tient du 19 au 27 du mois courant à la Maison de la culture, il déplore, cependant, que le marché européen, fortement cadenassé par la chambre d’agriculture européenne, hostile à toute importation, demeure inaccessible aux produits mellifiques algériens. Ce qu’il faut considérer, à cet effet, c’est que la production du miel dans le monde suit une courbe ascendante. Elle est passée, ainsi, de 752 tonnes en 1964 à 1 381 tonnes en 2005, selon la FAO, citée par wikipédia.
Un travail d’abeille
L’abeille est travailleuse et vit en société. Elle est, tout comme la fourmi, la plus sociale des animaux. Elle va butiner très loin sur les fleurs ; ce travail s’appelle butinage. L’abeille se sert de signes pour communiquer avec les autres de son espèce. C’est le langage des abeilles. Sur la fleur, le fruit ou l’exsudat de certains arbres comme le sapin, elle prélève avec sa langue effilée le nectar, une substance sucrée qu’elle emmagasine dans un réceptacle appelée jabot. Le miel porte alors le nom de la fleur dont il a été tiré. Il y a le miel de l’oranger, le miel du jujubier, le miel de l’eucalyptus…Une fois de retour dans la ruche, l’abeille met son butin en sûreté dans des alvéoles ou rayons en cire qu’elle bouche hermétiquement afin de le préserver de l’humidité car l’humidité corrompt le miel, lui faisant perdre sa qualité essentielle. La chaleur aussi quand elle dépasse les degrés. Dans la ruche, il y a la reine. Son rôle est de donner des petits, les larves. Les autres, ce sont les ouvrières. Elles, leur rôle est de remplir les ruches de miel. La saison la plus favorable à la production mellifère va d’avril à mai. Le bon apiculteur sait quel type de miel il veut produire et emmène ses abeilles à l’endroit où pousse en abondance cette fleur. Par exemple, souhaitant obtenir le miel de jujubier, il part avec ses ruches pleines d’abeilles à Laghouat et Aïn Oussara où cet arbuste est exubérant. Le président de l’association des apiculteurs, qui en compte 1000, dont 300 adhérents, appelle cette façon de faire la transhumance. Elle rappelle une autre méthode en vigueur chez les bergers : l’alpage. Le même, rencontré à cette foire où une vingtaine d’apiculteurs étaient attendus mais que seule une dizaine était présente, nous raconte cette anecdote : Un jour, alors qu’il étalait son produit devant un café à Aïn Bessem, un prof, l’apercevant, s’approche de l’étal et demande le prix du kilo de miel. Le commerçant l’en informe. C’était 1 500 DA. Le prof sourit et exprime son doute quant à la qualité du produit exposé. Il venait d’acheter chez un autre commerçant un kilo de miel à 8 000 DA. Le commerçant lui apprend alors que c’était lui qui l’avait approvisionné et que le miel que l’enseignant venait d’acheter à ce prix prohibitif a été en fait, fabriqué par lui. Et pour le convaincre, il prend, séance tenante, un spectromètre, et en mesurant le taux d’humidité et de saccharose, il conclut, preuve à l’appui, que son produit du fait de manipulation dont il a fait l’objet a subi quelques altérations, lui ayant fait perdre sa qualité première. L’abeille est menacée de disparition, car la dégradation de l’environnement met en danger sa survie. Son rôle dans la préservation de l’écosystème s’explique par la part qu’elle prend dans la pollinisation des arbres fruitiers. Elle est donc doublement précieuse pour l’homme, même si sa piqure est douloureuse, car son dard contient du venin quoi qu’en faible quantité pour inquiéter même un enfant.
Aziz Bey