Encourager les exportations hors hydrocarbures

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Une journée d’études a été organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Béjaïa-Soummam, destinée à sensibiliser les entreprises locales engagées ou ayant l’intention de s’engager dans le domaine de l’exportation de leurs produits. Le thème de la journée s’intitule : « Les Institutions d’appui et dispositifs de soutien et de promotion des exportations hors hydrocarbures ». La rencontre, sponsorisée par Général Emballage SPA, s’est déroulée jeudi dernier à l’hôtel Zéphyr de Béjaïa. La rencontre a réuni une quarantaine de personnes, entre communicants, entreprises et universitaires. Plusieurs communications ont été présentées à cette occasion. Les représentants des organismes publics chargés de l’encadrement et de la promotion des exportations hors hydrocarbures ont ainsi essayé de brosser le cadre général et le contexte dans lequel ce secteur de l’économie nationale peine à se développer. D’exportateur de biens et produits de toutes sortes, le pays est devenu un des plus réguliers importateurs dans le monde, depuis le temps que les pouvoirs publics insistent sur la nécessité d’augmenter la part des exportations des biens et des produits algériens, en dehors des produits pétroliers ou para pétroliers. Les conférenciers ont ainsi parlé de différents sujets relatifs à la question, en insistant particulièrement sur les aspects liés aux garanties et aux assurances. Ainsi, Nasri Ali-bey, président de l’Anexal, l’association nationale des exportateurs et conseiller à l’export, a longuement parlé des « aspects pratiques des dispositifs juridiques sur les exportations », tandis que Ghania Ouchait, directrice à Algex, a dressé un tableau sur « le cadre incitatif à l’export ». Ouahiba Behloul a, ensuite, parlé du rôle de la CACI, avant que les exonérations fiscales soient abordées, ainsi que les régimes douaniers suspensifs. Ces communications ont été suivies par l’intervention de représentants de banques publiques sur les modalités de financement des exportations, ainsi qu’une communication sur l’assurance-crédit de Tarik Rahmoun, directeur à la Cagex. Un débat a ensuite été ouvert, dans lequel des représentants d’entreprises publiques et privées, à l’instar de Mohamed Bessa, directeur de communication de Général Emballage, un des sponsors de la journée, ne posent des questions sur des aspects concrets relatifs aux opérations d’export. Dans son intervention, il a fait remarquer l’écart qui existe entre les textes et leur application sur le terrain. Des difficultés sérieuses sont encore rencontrées çà et là malgré les assurances données par les pouvoirs publics quant à leur engagement à promouvoir les exportations hors hydrocarbures.

Dépénalisation de l’acte d’exportation

L’assistance, tout comme Nasri Ali-bey, ont abordé le problème des difficultés des rapatriements de l’argent des exportations, en conformité avec les textes actuellement en vigueur. Ont été cités plusieurs cas d’exportateurs qui ont eu maille à pâtir avec la justice pour ce genre de problèmes, dus parfois à des lenteurs excessives dans les procédures, ou à des difficultés conjoncturelles rencontrées par les opérateurs nationaux. Des comparaisons constantes ont été faites avec les pratiques adoptées par nos voisins tunisiens et marocains, qui ont su contourner plusieurs difficultés, en adoptant des politiques résolument tournées vers l’encouragement des exportations. À ce sujet, le président de l’association des exportateurs Algériens a plaidé pour la dépénalisation de l’acte d’exportation. Ce n’est donc pas toujours un problème de la qualité de nos produits qui se pose, mais des moyens de les faire connaître et de les vendre. Les procédures actuelles ont besoin de plus de souplesse pour arriver peut-être à dépasser la barre psychologique de 5% d’exportations hors hydrocarbures.

Production nationale

L’assistance a aussi insisté sur la nécessité de développer la production nationale et de la diversifier. Le cas du marché de la boisson est révélateur. Le fait que les opérateurs de ce secteur se soient organisés, en investissant dans l’outil de production et la modernisation de leur gestion a fermé la porte aux prédateurs internationaux qui ont voulu s’installer en Algérie et imposer leur monopole. Aujourd’hui, les opérateurs algériens s’en sortent très bien, et certains de leurs produits s’exportent convenablement. Ce n’est pas le cas du secteur de la confiserie ou les Turcs se sont accaparés du marché ainsi que les Chinois qui ont presque le monopole de la confection. Enfin, les communicants ont insisté auprès de l’assistance pour encourager les exportateurs à faire appel aux organismes publics existants qui, malgré certaines insuffisances, peuvent apporter beaucoup d’aide aux exportateurs, par leur connaissance du marché la maîtrise des procédures et l’étendue de leurs réseaux, aussi bien en Algérie qu’à l’international. Cette journée n’a drainé que peu d’entreprises. Les conditions de sa préparation qui n’a pas bénéficié de suffisamment de publicité ainsi que la forme de son déroulement témoignent d’un certain manque d’imagination et de professionnalisme dans l’organisation de séminaires de sensibilisation. Le thème mérite certainement d’être pris de façon plus sérieuse, tant au niveau des moyens, de la méthode que du temps qui devrait lui être consacré. Sur les quelques quatre cent cinquante-quatre exportateurs hors hydrocarbures recensés en Algérie, 5% seulement réalisent plus de 80% des opérations. Ce qui témoigne de la difficulté qu’ont ces organismes à sensibiliser nos opérateurs qui, pourtant, ont du génie à revendre, soulevant ainsi la question de l’exportation des services. Mais là c’est encore un autre problème qui mériterait, lui seul, une grande conférence.

N. Si Yani

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