Les fortes pluies et chutes de neige de la semaine passée ont provoqué beaucoup de dégâts en Kabylie, notamment à travers les zones montagneuses. Bouira n’échappe pas à cette série noire des affaissements, chutes de pierres et autres éboulements. Des populations entières sont prises au piège. Ainsi, dans la commune de Taghzout, distante d’une vingtaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, la situation est instable autant que peut l’être le sol. Les affaissements de terrains et chutes de pierres et même des inondations menacent les villageois. Ces derniers sont désemparés et se disent carrément «en danger imminent». C’est du moins ce qui nous a été donné de constater, hier, lors de notre déplacement sur les lieux, en compagnie du P/APC de cette municipalité M. Messaoud Chaâbane-Chaouch. Ainsi, dans les localités de Tizi Lqiss, Tizi Wther, Merkala, Inseman, Boumessaden, plusieurs glissements de terrains ont eu lieu entre vendredi dernier et avant-hier dimanche. En effet, à Tizi Lqiss, un pan entier d’une falaise s’est arraché en un bloc, charriant boue, pierres et même un tronc d’arbre. Fort heureusement, l’incident n’a pas fait de victime ni de dégâts matériels. Toutefois, ce tronçon de la voie carrossable est réputé pour être dangereux, de surcroît, d’importantes chutes de pierres sont enregistrées fréquemment. D’après le maire de Taghzout, la situation est critique. «Des familles sont menacées par des coulées de boue et autres affaissements. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, mais l’ampleur des dégâts est tellement immense que nous sommes dépassés», soulignera-t-il. Au niveau du village d’Ighil Oumechar, le souvenir des affaissements de 2012 est encore vivace et encore une fois, cette localité a été frappée par un énième affaissement de terrain, lequel fort heureusement n’a fait aucune victime. Ainsi, tout le long du chemin de wilaya n°6 qui relie les villages de la commune de Taghzout à la municipalité d’Ath Laaziz, tout n’est qu’éboulement et désolation. À Merkala, plusieurs chutes de pierres qui auraient pu coûter la vie à des automobilistes ont eu lieu. Au niveau du CEM de cette localité nous sommes tombés nez à nez à plusieurs blocs de pierres qui venaient de s’effondrer. Fort heureusement, l’accident s’est produit en pleine nuit. «Imaginez que ces chutes ont eu lieu à la sortie des élèves. Cela aurait été une véritable catastrophe», indiquera le P/APC de Taghzout. Au niveau de la bourgade Tizi Wther, un impressionnant éboulement s’est produit dans la nuit de lundi à dimanche passés. Cet affaissement menace des habitations sises en contre bas. D’ailleurs, l’une d’elles a subi quelques fissures et que même son ossature est touchée. Selon des personnes rencontrées sur place, hier, de l’eau sortie de la masse de terre entraînée par ce glissement de terrain a pénétré dans certaines chambres. C’est dire qu’avec les pluies qui sont annoncées à partir de mercredi prochain, le risque est toujours maintenu. Les autorités locales se sont déplacées sur les lieux. «Nous avons fait le constat, puis nous avons déployé nos engins et des matériaux (sable et ciment) afin de permettre le drainage des eaux et de sécuriser les lieux. C’est tout juste une mesure d’urgence. Nous avons même saisi le wali à ce sujet», nous a indiqué M. Chaouch. Non loin de là une habitation a été sérieusement endommagée alors qu’elle risque d’un moment à l’autre de s’écrouler complètement. Certains citoyens ont vu les fondations de leurs maisons s’effondrer comme un château de sable. Heureusement pour eux, le glissement de terrain n’a pas tout emporté mais malgré cela, leurs demeures menacent ruine à tout moment. «Hier soir (dimanche, ndlr, nous avons vécu un terrible cauchemar», dira un villageois de Boumessaden. Le P/APC de Taghzout estime que les dégâts causés par ces éboulements se chiffrent en centaines de milliards de centimes. «Pour l’heure, les services de la DTP ont estimé à 7 milliards de centimes les dégâts liés à la rupture des bornages. Mais selon nos services, ce chiffre est très inférieur. Selon moi, ce ne sont pas moins de 200 milliards de centimes qui ont été perdus !» Avant d’ajouter : «Sur tout le territoire de la commune, nous avons comptabilisé près d’une cinquantaine de familles qui sont sinistrées et en danger». Quoi qu’il en soit, les autorités publiques sont interpellées afin qu’elles interviennent dans les plus brefs délais, car les services de la météo annoncent le retour du froid et de la neige à partir de ce mercredi.
Ramdane Bourahla