Il ne reste qu’aujourd’hui à Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Education nationale pour persuader les travailleurs relevant de son secteur de renoncer à leur mouvement du débrayage de deux jours qui prendra effet à partir de demain. Après avoir échoué lors des derniers pourparlers entamés avec deux syndicats agrées dont un, l’UNPEF en l’occurrence, fait partie de la Coordination de l’intersyndicale initiatrice de la grève, le premier responsable du secteur est appelé à ressortir son ultime carte susceptible de calmer les esprits, qui pour le moins que l’on puisse dire ont atteint « le sommet » du courroux. En effet les protestataires, plus que jamais déterminés à ne pas faire machine arrière, dénoncent haut et fort les intimidations et « le mépris » affiché par la tutelle à leur encontre. Outre la correspondance envoyée la semaine dernière à tous les chefs d’établissements de l’éducation nationale, soulignant l’illégalité de la grève décrétée par la dite coordination et les mesures de sanctions à entreprendre contre les grévistes (ponction sur salaire et défalcation de la prime de rendement), le département de Benbouzid a décidé d’entamer une action en justice. Les délégués des cinq syndicats constituant la Coordination et cosignataires du préavis de grève, à savoir M. Ider de l’UNPEF, Osmane du CLA, Dahamni du CNAPEST, Bekhouch du SETE-Bedjaia et Sadali du STAEF, ont, en effet, étaient convoqué individuellement par le juge d’instruction de Abane Ramdane pour comparaître aujourd’hui, à 11h, en référé d’heure en heure. Le motif de la convocation est lié, bien entendu, à la grève. Celle-ci sera-t-elle interdite ? Le oui est plus probant, sachant qu’à chaque fois qu’une pareille affaire est traitée par la justice, celle-ci tranche, au préalable, par l’interdiction. Les expériences l’ayant précédées, non seulement dans le secteur de l’éducation mais à tous les niveaux, ne font que confirmer ce processus. Le scénario, à quelques détails près, est toujours le même. Reste à savoir seulement si les protagonistes vont se soumettre à la décision de la justice ou la rejeter ?.
La coordination campe sur sa position Réunis hier au niveau du siège de l’UNPEF, les membres de la coordination, ont passé au peigne fin toutes les données en relation avec leur action de protestation. Une occasion qui leur a également permis de discuter toutes les éventualités possibles susceptibles d’entraver leur action. Dans un communiqué, la coordination intersyndicale de l’éducation nationale se dit « convaincu de la légitimité de la grève du 15 et 16 janvier ». C’est pourquoi elle interpelle sa base d’être « à la hauteur de l’événement en répondant massivement au mot d’ordre de grève » et surtout de ne pas céder « devant les intimidations, les pressions et les pratiques illégales employés par le ministère du tutelle ». Obstinés à faire valoir leur plate-forme de revendications qui s’articule autour de la revalorisation des salaires, à 100%, de la retraire après 25 ans de service, de la révision du statut particulier et de la revalorisation du droit syndical, la coordination mentionne dans son communiqué qu’elle « maintient son choix à la grève et décide de durcir le ton pour améliorer la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l’éducation ». Elle justifie sa décision par « la non prise en charge de la tutelle des préoccupations des travailleurs, par les instructions provocatrices telles que les ponctions sur salaires, les poursuites judiciaires et par le verrouillage du champs du dialogue et des négociations ». Le recours au mouvement du débrayage est donc inéluctable. L’Union nationale des professionnels de l’éducation et de la formation, par la voix de son secrétaire national, M. Ider estime que la coordination a agi dans la légalité, tout en respectant les textes de loi. Il a ajouté à ce propos que « nous n’avons pas enfreint la loi, bien au contraire, la démarche de la coordination s’est faite en se référant aux textes de loi de la République et en toute transparence. C’est notre tutelle qui tend, par contre, vers l’interprétation erronée de ces derniers ». L’UNPEF qui s’est réunie jeudi dernier, pour la quatrième fois, avec les premiers responsables du secteur en question, déplore « la non compréhension » de leur vis-à-vis. « Ils ont exigé la levée du préavis de grève avant même d’entamer les négociations, sans pour autant nous donner des garanties, chose que nous avons bien sûr réfutée » a martelé Ider avant d’enchaîner « j’espère que la justice tranchera en faveur des travailleurs, car notre cause est juste et légale ». De son côté, Lamdani du CNAPEST qualifie l’instruction du ministère de l’Education « d’un abus de pouvoir ». Il fait savoir également que la poursuite judiciaire engagée contre les cinq délégués de la coordination n’aura aucun impact sur la grève dans la mesure où, ajoute-t-il « la décision émane de la base et seule celle-ci est habilitée à la changer ». Le SETE- Bejaia, tout en dénonçant, pour sa part, « les agissements néfastes de la tutelle », appelle les travailleurs « à rester vigilants mobilisés et répondre aux deux journées de grève ».
Wassila Ould Hamouda
