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«Notre secteur est en danger !»

Le Conseil pégional interprofessionnel de la filière lait (CRIL), pôle de Tizi-Ouzou s’est réuni au cours de la journée du jeudi 12 mars 2015(comme prévu lors de l’A G du 05 mars tenue à la Maison de la culture Mouloud Mammeri), à l’ITMAS de Boukhalfa en présence des représentants de cinq (5) wilayas à savoir : Tizi-Ouzou, Boumerdès, Béjaïa, Bouira, Bordj-Bou-Arreridj. Celui de Constantine a été invité du CRIL. Il est à noter la participation effective du Directeur de l’ONIL, M. Djamel Nekkab, une présence remarquée et appréciée de tous. Les présents ont approuvé à l’unanimité les propositions finales arrêtées comme suit : marche des éleveurs, agriculteurs et producteurs de lait prévue le 19 mars 2015 dont le rendez-vous est fixé au niveau du stade 1er Novembre pour se diriger vers le siège de la wilaya où une délégation sera dégagée pour être reçue par le premier magistrat de la wilaya à qui une plate-forme de revendications sera remise. La plate-forme comprend plusieurs points mûrement réfléchis par l’ensemble des représentants des wilayas citées plus haut. Ils exigent la révision à la hausse du prix de vente du lait cru de vache – un prix qu’ils situent entre 60 DA et 80 DA le litre et celui du son à 800 DA le sac de 50 kg. La prime de montagne qui passera de 12 DA actuels à 25 ou 30 DA dans le souci de l’activation et de la réactualisation d’urgence du Fond de montagne. Etant donné la situation catastrophique dans laquelle se débat le secteur agricole, le CRIL insiste sur la dissolution de toutes les Chambres de l’agriculture à l’échelle nationale pour être rénovées et influées d’un sang nouveau avec l’élection de jeunes compétences connaissant parfaitement la terre et le bétail dans le souci de sauvegarder le secteur agricole qui agonise et protéger l’économie nationale. Telles sont les revendications majeures et communes aux wilayas présentes à cette réunion. Les nombreux intervenants ont descendu en flammes le Président de la Chambre de l’agriculture de Tizi-Ouzou  qui menace de déposer plainte contre les fellahs : «Qu’il dépose plainte et là l’opinion publique fera connaissance des vérités que nous dévoileront !» dira M. Rabah Ougmat, Président du CRIL qui se dit rassuré que « cette réunion est au-dessus de toutes divergences et sans couleur politique. Nous œuvrons dans l’intérêt du fellah en général et vos préoccupations seront notées et portées à la connaissance du Conseil National et des responsables concernés». L’intervention de M. Zoheïr Ayad de Béjaïa aura été une véritable leçon d’éthique de la part d’un connaisseur et homme de terrain qui maîtrise parfaitement la profession et c’est aussi une gifle administrée aux responsables, à tous les niveaux de la hiérarchie administrative «La machine a démarré ça passe ou ça casse !» dira-t-il d’emblée. «Notre objectif est d’arracher nos droits les plus légitimes et nous assumons ce que nous entreprenons, disons-le en toute responsabilité» avant d’énumérer les points communs à toutes les wilayas et les points spécifiques à la wilaya de Béjaïa et de tonner : «Nous avons écrit au ministre à plusieurs reprises et il n’a pas daigné nous répondre. Pour qui nous prend-il ? C’est du mépris total !» Et d’ajouter : «Notre secteur est en danger !» Devant l’incapacité de voir leurs problèmes résolus, «nous nous remettons au Président de la République». Les disparités des prix du lait cru de vache et celui du lait en sachet sont dénoncées haut et fort. L’intervenant passe en revue une assez longue liste de malheurs que les agriculteurs et éleveurs vivent à tel point qu’il lance : «Le ministre de l’agriculture est incapable de solutionner nos problèmes. Il n’a aucun argument valable pour nous convaincre de sa gestion du secteur qui agonise sous ses yeux sans réagir». Il cite le réajustement du prix du lait sans TVA mais cette taxe est appliquée pour l’alimentation du bétail. Nous avons demandé notre intégration à la COPSEL d’Oued Amizour dans l’objectif est la création d’une coopérative de lait. Aucune réponse !» Il soulève l’augmentation du prix de la vache de 24 millions à 35 millions de centimes et de s’interroger : «Comment ces gens réfléchissent-ils ?» M. Ayad écorche certains vétérinaires qui procèdent volontairement et sans scrupules à des avortements. M. Chebah Rachid, UNPA de Tizi-Ouzou dira : «S’il y a une autre forme de colonialisme, alors nous sommes des bandits d’honneur et nous mourrons pour ce pays» avant de s’étaler sur un long réquisitoire en direction des responsables. En réponse à  «la mise en conformité» loi n° 12 / 06 du 12 janvier 2012 relative aux associations- courrier du DAS n° 309 DAS/ S. OPAT/ 2015 adressé au Président du CRIL, M. Chebah, en connaisseur des lois n’est pas celui qui se laisse faire et de répondre au DAS pour lui rappeler les lois et les articles : «Les engagements…sont mentionnés à l’article 13 du décret exécutif 96-64 du 27 janvier 1996 qui parle «d’engagements réciproques par voie d’accords professionnels» et non d’engagements à délivrer par les services compétents» et de s’interroger : «A quelle loi la chambre d’agriculture s’est-elle conformée ?» et ajoute : «Les chambres d’agriculture détruisent notre économie en remettant de faux rapports aux instances supérieures et des bilans établis ne reflétant nullement la réalité du terrain». M. Djamel Nekkab de l’ONIL fait passer par data-show une communication sur le secteur agricole, la filière lait pour se noyer dans des chiffres dont les fellahs pourront s’en passer. La parole est donnée à M. Achir Bachir, invité de Constantine qui avoue : «Il fallait nous rencontrer, nous concerter  pour relever le bienfait de ce conseil régional». Il constate : «Les préoccupations sont les mêmes. Alors, agissons ensemble et vite. Je serai présent à la marche du 19 mars !». 

Arous Touil

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