Avec le retour du beau temps, le processus de la fonte des neiges s’est immédiatement enclenché libérant d’énormes quantités d’eau « récoltées » par les dizaines de ravins et ruisseaux, tels Assif Assemadh, l’un des plus imporetants de la région, car long de plusieurs dizaines de kilomètres. Il prend naissance à Tizi n’Koulal, dans la commune de Saharidj, récoltant sur son passage tous les débits venant des ruisseaux de moindre importance à proximité des villages “Mesdhourar, Illitène, Ath Oualbane», avant de rejoindre Assif Sahel qui se transforme à chaque hiver en fleuve. Le deuxième ruisseau entré en crue de manière assez spectaculaire est Assif iwakuren, étant rejoint à mi-chemin par Assif Levaal dont les itinéraires sont presque à pic, lesquels descendent tous les deux du sommet de Tamgout du côté Est, dont le point de chute, à 25 Kms plus bas, est toujours Assif Sahel dénommé localement “Assif Amokrane” baptisé ensuite à partir de Tazmalt Assif Soummam. Ce sont des milliers de mètres cubes d’eau qui coulent sans interruption et continueront à couler pendant plusieurs mois. Durant tout l’hiver et une bonne partie du printemps, les eaux de ces rivières vont finir à la mer, entre la ville de Vgayet et Tichy. Si, au niveau d’Assif Sahel, ces importants cours d’eau se mélangent à ceux des eaux usées, sachant que ce fleuve est transformé avec le temps en collecteur géant des centaines de m3 de rejets d’assainissement de l’ensemble des communes des daïras de Bechloul et M’Chedallah, en aval de chaque ruisseau par contre, l’eau est limpide et claire comme… de l’eau de roche. Cependant, les importants débits d’eau qui s’accumulent dans ces ravins sont perdus inutilement dans la mer sans servir à rien ni à personne, alors que des centaines de milliers de terres fertiles et de haute qualité sont laissées en jachère et abandonnées à cause de l’absence de moyens d’irrigation. Au niveau de plusieurs endroits le long du trajet de ces importants ruisseaux, existent des cuvettes naturelles qui sont d’authentiques retenues collinaires admirablement façonnées par Dame nature, auxquelles ne manquent que de simples digues au niveau de la partie inférieure pour emmagasiner des milliards de mètres cubes d’eau, et potable de surcroît. Chacun de ces ravins peut produire le double d’une usine de dessalement d’eau de mer. De plus, le coût d’une seule de ces usines aurait suffi pour la réalisation de plusieurs retenues collinaires dont la qualité de l’eau serait mille fois meilleure que celle de l’eau de mer dessalée. À signaler qu’en plus de l’eau provenant des pluies et de la fonte des neiges, ces ruisseaux sont chacun alimentés par des centaines de sources naturelles qui ne tarissent jamais, hiver comme été. Toute la Kabylie est sillonnée par ce genre de ruisseaux qui se comptent par dizaines dans chaque wilaya. Eu égard à la valeur prise par l’eau potable au jour d’aujourd’hui, elle peut constituer une première richesse en Kabylie qui serait à l’origine d’un boom économique sans passer par de grands investissements. La mise en valeur de ces richesses hydriques par la construction de digues permettra d’exploiter ces énormes quantités d’eau potable sans frais, il suffirait d’une volonté politique. Que les plus sceptiques de nos décideurs viennent faire une tournée dans cette région pour se rendre compte de visu de l’énorme potentiel hydrique inexploité et superbement ignoré.
Oulaid Soualah