L’association des handicapés moteurs de Draâ El-Mizan a tenu, comme chaque année, à cette même date, à célébrer cette journée qui leur est dédiée.
En effet,c’est la maison de jeunes « Arezki Mansouri » qui leur a offert encore l’hospitalité d’organiser leur rendez-vous annuel d’autant plus que leur siège est non pas seulement étroit mais il est inaccessible pour la plupart d’entre-deux car situé au sous-sol d’une bâtisse et pourvu d’escaliers abruptes. D’emblée, à l’ouverture de cette cérémonie, le président de l’association des handicapés moteurs de Draa-El-Mizan, en l’occurrence M.Boualem Azrarak a tenu à souhaiter la bienvenue à tous les adhérents ainsi qu’à tous les invités dont les représentants de la daïra, de l’APC, de la sûreté de daïra ainsi que de toutes les subdivisions tout en rappelant que cette journée doit être considérée comme une fête non comme celle des doléances. Cependant, pour attirer l’attention des autorités locales, M.Boualem Azrark n’hésitera pas à évoquer le problème de l’emplacement du siège de son association qui ne répond nullement aux besoins des nombreux adhérents qui ne peuvent s’y rendre. C’est une situation qui dure depuis une vingtaine d’années et toutes les promesses des uns et des autres pour leur venir en aide sont restées sans lendemain. Le président de l’association évoquera également le problème de l’aide octroyée par l’état aux handicapés dont le montant qui devait connaître une petite augmentation est resté tel quel ce qui accentue les difficultés de la vie à ces personnes qui doivent assister impuissante à leur misère. « Tous les handicapés ne peuvent avoir le cœur à la fête car ils vivent au quotidien non seulement leur calvaire mais ils doivent faire face également aux multiples difficultés qu’ils causent à leur entourage et à leurs proches », nous susurre un père d’un enfant handicapé. Nous demandons à cette brunette jeune fille, assise tout près sur un fauteuil roulant de nous dire quelque chose en cette journée. Très émue, cette demoiselle qui ne s’attendait pas à voir qu’un jour sa vie basculerait dans un tel état alors qu’elle était pleine de vitalité heureuse, se voyant déjà promise à un avenir radieux lorsqu’elle obtint son baccalauréat avec la mention «Bien», ayant l’honneur d’avoir reçu un cadeau des mains du président de la république mais le destin fut autrement car une maladie neurologique tomba subitement sur elle et la cloua au lit. « Avec ma maladie, je ne pouvais pas m’inscrire à l’université donc, je vis avec ma maladie tout en souhaitant qu’un jour, peut-être, l’état ou des personnes charitables puissent m’aider pour me soigner à l’étranger et pouvoir enfin me déplacer convenablement », nous déclare timidement Mlle Kahina Khelifa à qui nous souhaitons un rapide rétablissement. Après plusieurs prises de paroles dont celle de M.M.Hocine Ameur, membre de l’exécutif communal notamment qui reviendra sur le rôle que doit jouer l’association, tous les présents furent conviés à une collation. Le siège déjà trop exigu n’a pu contenir les non-voyants accompagnés souvent de leurs familles. C’est dans une ambiance de fête qu’a été célébrée cette journée qui leur est dédiée chaque 14 mars. À l’appel du président de l’association, M. Slimane Saâdi, ils étaient près d’une centaine à être présents : enfants, femmes, vieux, jeunes hommes. La cérémonie commencera par une prise de parole du président. » Comme chaque année, nous nous rencontrons ici pour non seulement célébrer notre journée, mais aussi pour discuter des problèmes que nous vivons au quotidien tout comme nos pairs à l’échelle nationale. Tout de même, je vous souhaite bonne fête tout en espérant que cela changera « , dira Aâmi Slimane avec une voix qui emplit même les alentours de leur siège, en présence des autorités locales, notamment le service social de l’APC. Le président reviendra ensuite sur cette maigre pension de trois mille dinars. » Croyez-vous qu’une personne, même toute seule, puisse vivre avec trois mille dinars? « , interrogera-t-il l’assistance. Et de poursuivre: » nous demandons à ce qu’elle soit élevée au moins à douze mille dinars ». Aâmi Slimane n’omettra pas de souligner que cette frange de la société est peu considérée et attend du respect. » Il faut que les pouvoirs publics nous donnent la priorité d’accès à certains services. Pour retirer la maigre pitance, l’aveugle fait la chaîne comme les autres. Est-ce normal? Une fois le 3 décembre et le 14 mars passés, on est oubliés », clamera-t-il. Une collation a été offerte à toute l’assistance avant que trois carrés de non-voyants escortés par des policiers et devancés par une troupe d’Idhaballen locale ne marchent du siège de l’association jusqu’au monument des martyrs de la guerre de la révolution ( 1954-1962) sis à proximité de la sûreté de daïra, où une gerbe de fleurs y a été déposée après une minute de silence à la mémoire des martyrs. De retour au siège, les présents ont eu droit à une fête animée par la même troupe dans une ambiance particulière. Au terme de cette célébration, nous nous sommes rapprochés de Slimane Saâdi. « Au sein de notre association, nous avons 110 adhérents. Si on ajoute ceux de Tizi-Gheniff, nous sommes 160. Et je saisis cette occasion pour appeler d’autres pour se joindre à nous, car l’union fait la force. Je réitère mes appels aux autorités locales pour prendre en charge notre siège qui est dans un état lamentable. Quant aux hauts responsables, je leur dirai que les handicapés en général et les non-voyants en particulier vous interpellent, car ils sont délaissés », nous confiera notre interlocuteur. Un autre saisira l’occasion pour réitérer son appel au ministre du Travail et des Affaires sociales concernant la redynamisation des entreprises qui employaient les non-voyants, telles par exemple les unités de fabrication des balais et des brosses. » C’est l’insertion dans le monde du travail qui importe le plus et non la folklorisation de cette journée », ajoutera un dernier intervenant.
Essaid Mouas / Amar Ouramdane