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Des cours de soutien tous azimuts à Tizi-Gheniff

L’affolement s’empare de jour en jour aussi bien des parents que de leurs enfants. Les professeurs grévistes bouclent leur mois de grève dans les deux lycées de la ville. C’est dire que de nombreux cours ne sont pas dispensés notamment en ce qui concerne les élèves des classes de terminale.  » Pour les deux lycées, le taux de suivi de cette grève dépasse les 75%. C’est la minorité qui travaille », nous confiera un membre de la section du Cnapest du technicum.  » C’est une décision qui émane de tous les bureaux de wilaya affiliés à notre syndicat parce que la tutelle n’a pas tenu ses engagements « , ajoutera le même interlocuteur. Au sujet de la distribution des CD contenant les cours, nous avons appris qu’ils ne sont pas encore parvenus dans ces établissements. Les grévistes assimilent cette mesure à un affolement de leur tutelle.  » Des CD pareils sont sur le marché depuis des années. Réellement, ont-ils aidé les élèves à préparer leurs cours? C’est un leurre. Rien ne peut remplacer le professeur », estimera un autre syndicaliste. Au fur à mesure que les examens de fin d’année approchent, les parents tentent de sauver l’avenir de leurs enfants.  » Nous nous sommes habitués à ce genre de situations. Cela fait maintenant plus de dix ans que ce scénario se renouvelle. Je vous confie que je n’attends rien ni de ces professeurs ni encore du ministère. Car, cela fait maintenant des années, je paie des cours à mes enfants. Et cela avant même l’arrivée des examens. Je le fais dès le mois d’octobre. Dans les classes, c’est un enseignement de masse qui est pratiqué quand on sait que les malheureux enseignants travaillent dans des conditions difficiles. Actuellement, j’ai une fille en classe de terminale. Je lui paie tous les cours des matières essentielles. Pour moi, l’essentiel est qu’elle obtienne son Bac avec une très bonne moyenne « , nous déclarera un parent, ingénieur de son état. D’autres parents font comme lui, ils se privent de beaucoup de choses pour le même but .  » Si Tizi Gheniff obtient toujours les meilleures places à l’échelle de wilaya ou même nationale, c’est parce que les parents dépensent beaucoup dans ce domaine », ajoutera le même interlocuteur. Donc, à deux mois de l’examen du Bac, certains professeurs qui dispensent ces cours d’autant plus qu’ils sont en grève, affichent déjà complet.  » J’ai un groupe de vingt élèves que j’ai scindé en quatre sous-groupes. Je le fais par vocation et pour arrondir les fins de mois », nous confiera un enseignant ayant requis l’anonymat. Du côté des élèves, c’est la déception.  » Au lieu de régler les problèmes de nos professeurs, on vient d’entendre que des CD nous seront remis. Est-ce que tout le monde peut accéder à ce moyen d’autant plus que nous n’avons ni ordinateur ni Internet? Même si mon père n’est qu’un simple employé il fait des sacrifices pour moi et mon frère. Il nous paie des cours de soutien. Je saisirai cette occasion pour appeler nos professeurs à abandonner cette grève et à trouver un autre moyen de lutte pour arracher leurs droits », nous dira cette fille d’Ath Itchir réfléchissant comme une personne adulte. Finalement, il est temps de revoir quelque peu la législation en ce qui concerne ces cours de soutien. Même si le ministère de l’éducation nationale avait décidé de les interdire, la situation les remet en place.  » Interdire ces cours est une erreur. Même dans les pays développés, les élèves recourent à ce moyen. Là-bas, ils n’échappent pas au fisc  « , estimera de son côté l’ingénieur ayant répondu à notre question au sujet de cette pratique. Le conflit prend d’autres allures et les élèves se démobilisent de plus en plus. » A quand alors une sortie de ce labyrinthe »? , s’interroge-t-on.

Amar Ouramdane

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