Compact teacher et écoloschiste

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Kaci l’angoisse propose à ses deux complices d’aller faire un tour du côté de 2080. Le soir même, umbarkin di tmacint n zman. Alger est incroyablement blanche et propre. Devenu une piétonnière verdoyante, le boulevard des députés est méconnaissable. À la place du parlement sont érigées deux tours en verre. En haut des deux tours, un texte lumineux affirme : « Le peuple donne les forces, et le gouvernement les lumières ». Dezdeg et Kaci suivent sur un écran géant le speech de celui qui semble être le délégué en chef n tmusniwin, l’équivalent du ministre de l’Éducation des années 2000. Il est très jeune et très à l’aise dans son costume gris. Il est l’invité de Kabyle-TV, la chaîne vedette des United States of Algeria. D’un arabe algérien très cool, il passe à la langue de Si Mhand Oumhand pour annoncer la mise à disposition de la population du nouveau Robot Teacher. Il s’agit d’un robot chargé de l’enseignement et du suivi pédagogique des enfants depuis le berceau.  Contrairement à son ancêtre, le Compact Teacher, lancé il y a près d’un siècle par une certaine Benghebrit, le Robot Teacher ne se limite pas seulement à dispenser des enseignements. Doté d’un logiciel affectif, il peut remplacer le papa ou la maman, voire les deux à la fois. Donner le biberon, changer les couches, préparer la compote, surveiller une fièvre, une otite, chanter une berceuse, jouer à cache-cache… sont autant de fonctions que Robot Teacher peut assurer. Sadiya n l’euro tekkaw, elle n’en croit pas allen-is. Idem pour le vieux Dezdeg qui s’exclamera : « zigh yella Rebbi ! ». Le vieux va faire un tour du côté de sa cité pour voir amek yughal son F2 aménagé en F6. La cité en question ulac-tt. À la place, un gratte-ciel, en verre aussi, s’enfonce dans les cumulus. Tout autour, la chlorophylle occupe près de huit hectares. Pas un mégot, pas un bout de papier par terre. Alors qu’il se promène di ljennet-nni, il remarque s lewhayem, un Algérois tout souriant brandissant une pancarte où il est écrit : « horreur, j’ai vu un sachet noir à Silicone Valley Semmar ! ». L’offusqué est un élément actif de  « Ecolo-schiste ». Le mouvement en question a survécu aux embuscades CNLTDistes à IN Saleh, de l’an 2015. Pendant ce temps, Kaci l’angoisse visite la Casbah. Pas âme qui vive. Rien que des touristes, essentiellement de la Scandinavie, avec leurs caméscopes numériques. Des poneys sont mis à la disposition des jeunes touristes par le gouverneur d’Alger. Partout des écrans géants pour permettre aux visiteurs de se situer. « ya ddin uqabac ! », s’émeut Kaci l’Angoisse. Sadiya n l’euro, elle, telha-d d le lèche-vitrine. Elle ne retrouve pas sa robe kabyle. Mais ce qui la sidère le plus est de ne pas voir de djelbab. Elle continue à flâner, lorsqu’elle aperçoit un couple de jeunes. Lui porte une Kippa ; elle, un foulard. Tous les deux se réclament de l’islam. Ils distribuent des préservatifs aux passants sur fond de sourires angéliques et de « Dieu est amour ! ». Vers midi, les trois iminigen se retrouvent tama n l’ex-grande poste devenue un musée. Et là en levant la tête pour voir ce qui est écrit en haut de l’édifice, xcawten presque. Une grande plaque en or massif porte leurs noms.

T.O.A

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 *Urgagh am akken d sseh

Ass-a macci am yidelli

Urgagh snasel n wuzal

Di tlemmast cudent s lxid

Urgagh tejra n lehlu

Yugal-itt-d wumkan-is

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