Depuis le début de la grande foire, organisée à partir du 15 mars dernier sous le nom de "Kheima" dans l'espace périphérique du stade Rabah Bitat, la partie Sud-ouest de la ville de Bouira se trouve étranglée par la circulation automobile et par les marcheurs à pied se rendant à cette manifestation commerciale.
Tous les ronds-points qui mènent vers cette partie de la ville sont saturés dès dix heures du matin. Que ce soit au niveau du quartier 140 logements, du sens giratoire en face du stade ou de l’autre carrefour proche de la Direction de l’éducation, les files de voiture autour du cercle du rond-point sont tellement serrées que le mouvement s’arrête pour plusieurs minutes. Et puis, c’est la confusion générale, où fusent les vociférations des uns, les insultes des autres et les klaxons de tout le monde. Et pourtant, des policiers sont postés dès le petit matin sur les principales artères de la ville qui mènent vers la foire commerciale. Mais, les agents de la circulation sont vite débordés.
De même, les trottoirs et toutes les ruelles attenantes au lieu de la manifestation commerciale sont fortement investis par les piétons. Hommes, femmes, enfants, reviennent avec de grands sachets remplis de marchandises. Aux deuxième et troisième jours de la foire, la rue qui longe le lycée Krim Belkacem est noire de monde; on dirait un cortège pédestre, sachant que sur la chaussée, la circulation automobile est complètement à l’arrêt en début d’après-midi. À l’entrée de la foire, c’est la grande bousculade, aussi bien pour obtenir le ticket d’entrée que pour entrer dans la cour de la Kheima. Pour s’introduire à l’intérieur même des chapelles où est étalé le maximum de marchandises, c’est là une véritable épreuve qui exige une grande patience face à la bousculade, aux tentations de pickpockets et aux désagréments de la chaleur. Une chaleur induite par le vent du sirocco de ces derniers jours et la forte présence humaine. Le secret d’un tel engouement se trouve sans doute, d’abord, dans la diversité des marchandises exposées. Des gammes très variées allant de la petite quincaillerie et la mercerie jusqu’aux meubles de salon et stores, en passant par les différents vêtements de femme, la lingerie, la literie et d’autres segments aussi prisés les uns que les autres. Ensuite, un tel afflux de visiteurs s’explique aussi par les prix jugés « raisonnables » par le public. Tout le monde s’y rend. On vient des quatre coins de la wilaya pour habiller les enfants et les filles candidates au mariage l’été prochain; pour, également, changer le décor de la maison (rideaux, stores, matelas, fauteuils,…) et renouveler la vaisselle de la cuisine à quelques mois du mois de Ramadhan. Cet engouement, prévisible par rapport aux expériences des années précédentes, et particulièrement en raison de ces belles journées printanières, coïncidant avec la…grève des enseignants, a fait grincer quelque peu les dents des propriétaires de certains magasins de la ville. Ce qui a poussé par exemple, le quartier commerçant de Dubaï (Cite Ouest) à marquer l’événement par une journée de grève, où tous les commerces étaient fermés au début de la semaine, pour protester contre une concurrence qu’ils jugent « déloyale ».
N.M.Taous

