“C’est une loi dictée par l’extérieur”

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L’adoption de la loi sur les hydrocarbures avant-hier par les députés de la chambre basse du Parlement a été un grand “choc” pour son parti, et pourtant toutes les prémices, colportées ici et là, indiquaient que l’approbation de cette loi était prévisible. Louiza Hanoune, qui a défendu bec et ongles la position de sa formation politique quant à cette controversée loi à l’hémicycle de Zirout Youssef, en proposant plus de 80 amendements, vainement, se dit déterminée à continuer son combat. Elle est loin de décider à baisser les bras. La question est toujours rattrapable, a-t-elle dit au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée hier au niveau de son siège. Pour argumenter sa conception, elle s’est référée aux déclarations du premier magistrat du pays, M. Bouteflika, prononcées à l’occasion de l’anniversaire de la centrale syndicale UGTA. “Le président de la République avait bien souligné que cette loi n’est pas le Coran, si elle ne nous arrange pas, nous allons la modifier. Donc il est encore possible de sauver la mise, car cette loi ne correspond guère à notre intérêt national”, a-t-elle fulminé. Sur ce, et dans l’optique de contrecarrer ce que le PT considère comme étant “une bombe à retardement “, une campagne de sensibilisation va être lancée dans les prochaine jours. Mme Hanoune, au cours des deux heures qu’a duré sa conférence de presse, n’a pas cessé de tirer la sonnette d’alarme quant aux tenants et aboutissants de cette adoption. Selon elle, “l’application de la loi sur les hydrocarbures transférerait le droit de propriété de l’Etat algérien sur les richesses énergétiques, le gaz et le pétrole, vers les contractants, c’est-à-dire les multinationales. (…) Ainsi, seraient confisquées près de 75% des recettes nationales”. A ses yeux, cet état de fait veut dire que l’Algérie sera “limitée à la fiscalité pétrolière aux taxes et impôts qui étranglent déjà la majorité de la population”.Cela étant, la porte-parole du PT, convaincue de ses arguments, n’est pas allée avec le dos de la cuillère pour critiquer ceux qui ont donné “jour” à la loi sur les hydrocarbures. Le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, les députés qui ont voté oui et même les “cadres de la centrale syndicale” qui ont donné leur accord ont été tous mis dans le même panier. Les accusations que le n°1 du PT a lancées à leur encontre sont accablantes. Selon l’animatrice de la conférence, “le vote de cette loi est illégitime, car il est anticonstitutionnel”. Non sans discréditer l’Assemblée nationale, elle souligne pour autant que les députés ont préféré “mettre fin à la souveraineté nationale par crainte de voir leur Assemblée dissoute”. Pour reprendre ses dires, les députés qui ont donné leur O-K., ont agi sous l’effet “du chantage”. Passant à l’initiateur de la loi en question, Louiza Hanoune n’a fait aucun effort pour le ménager. Selon elle, Chakib Khelil a transgressé la Constitution. Preuve à l’appui, elle a ajouté : “Les réformes adoptées sont en contradiction avec les articles 53.54.55.56.57.59 de la Constitution qui consacrent les droits de santé, de travail et les droits syndicaux “. Pis, le PT accuse le ministre de l’Energie et des Mines d’avoir eu des consignes des Etats Unies. “Cette loi a été inspirée et dictée de l’extérieur”, a avancé l’oratrice sans ambages. Et d’ajouter que “Khelil est d’ailleurs un expert en économie qui dépend d’une institution internationale”. Ce dernier est passé au peigne fin. D’après Hanoune, “Chakib Khelil veut instituer un Etat parallèle à l’Etat algérien”. Poussant le bouchon plus loin, le n°1 du PT a souligné que ce dernier a “menti” à propos de la non-privatisation de Sonatrach. “C’est un leurre”, atteste-t-elle, en défiant le ministre de l’Energie d’ouvrir un débat transparent sur cette question qui menace, toujours selon elle, les “fondements de l’Etat”. Pour finir, la porte-parole du PT a évoqué le Sommet arabe, dont les travaux démarrent aujourd’hui. Elle l’a qualifié de “sommet de tous les dangers”. Toutefois, le PT a établi une lettre ouverte aux chefs d’Etat arabes pour mettre sur le tapis la question relative aux réfugiés palestiniens et plaider pour leur retour sur leur terre natale.

Wassila Ould Hamouda

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