Ils sont pères de familles pour la plupart et travaillent comme journaliers. Eux, ce sont ce que l’on appelle communément «Zouafras», qui sont au fait des personnes de conditions très modestes qui triment à longueur de journée pour une pitance ! Ces personnes originaires des wilayas de M’sila et Bordj Bou Arréridj ont leur « Q.G» à eux, lequel est situé aux quatre-chemins de la ville de Tazmalt, à proximité d’un arrêt de minibus qui desservent la ville de Béjaïa et l’Est du pays. Ces Zouafras font le guet à cet endroit en attendant qu’un entrepreneur ou un baron passe par là afin de les embarquer avec lui pour divers travaux d’une journée: le chargement ou le déchargement des matériaux de construction, creusage de fossés, nettoyage des réseaux d’assainissement, etc. Ces ouvriers corvéables à souhait avoisinent la trentaine. On les voit agglutinés sur les trottoirs des quatre-chemins attendant de « louer » leur bras pour de modiques sommes! Ils ne bénéficient ni de couvertures sociales, ni de tout autre droit comme tout ouvrier digne. Et ce n’est pas chaque jour qu’ils travaillent, donc ils ne sont pas solvables de manière pérenne! Elle est aléatoire leur besogne, d’où cette précarité douloureuse pour eux, surtout que la plupart sont mariés et ont des familles à charge! «Je n’ai pas bossé il y a des jours. La demande de la main-d’œuvre n’est pas fixe dans cette contrée. Nous sommes assujettis à attendre qu’un entrepreneur passe par là afin de travailler. Autrement, nous attendons…! », constate avec beaucoup d’amertume l’un de ces ouvriers. « Un travail décent pour une vie décente », voilà à quoi aspirent ces dizaines de pères de familles, qui n’ont aucun niveau d’instruction, d’où la difficulté de s’insérer dans le monde du travail, de plus en plus laminé par le clientélisme et le népotisme !
Syphax Y.
