Oued Ghomara ne sort toujours pas la tête de l’eau

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Après la fin de l’insécurité cette bourgade enserrée dans le massif forestier de Ksenna, sur le CW 20, à mi-chemin entre Sour El Ghozlane et Bordj Okhriss, s’est réveillée avec la « gueule de bois »  face aux problèmes sociaux qui ne cessent de prendre de l’ampleur. Les jeunes ne cessent de se plaindre de l’oisiveté et du manque d’opportunité de travail. En effet, le village d’une quarantaine de foyers, situé à une douzaine de kilomètres du chef-lieu de la commune d’El Hachimia, n’a vu aucune structure ou entité économique s’installer dans la région. Les petites propriétés privées sont encerclées par la propriété domaniale forestière, ce qui ne laisse qu’une petite marge à la pratique de l’agriculture. Cette activité demeure de dimension vivrière, limitée à quelques parcelles céréalières de modeste dimension. Depuis longtemps, les habitants réclament la construction d’une retenue ou d’un barrage à la confluence de Oued Ghomara/Oued Zerrouk. Ce dernier cours d’eau prend naissance sur les hauteurs de la commune d’El Hachimia, sur Djebel Serdoun. Dès la fonte des neiges, les eaux gonflent et montent sur les berges, pour alimenter, à la fin de leur course, l’Oued Zaïne qui se déverse dans la Soummam.  Un ouvrage hydraulique à ce niveau serait d’un grand apport. Actuellement, les jeunes se contentent de prendre le transport public, la fourgonnette appelée « capsula », afin de se rendre à El Hachimia ou Sour El Ghozlane pour « tuer le temps » et renter en fin d’après-midi. Un vieux de la famille Charfi- le village s’appelle aussi Chorof, en référence à cette grande famille- nous raconte ce qu’ont enduré les gens ici pendant les années de braise du terrorisme. Le CW 20 était fermé à la circulation par les militaires après notre départ du village. « L’école que vous voyez devant vous avait servi, en 1997, d’abattoir où plus d’une vingtaine de personnes étaient égorgées, une demi-heure avant la rupture du jeûne, en plein mois de Ramadhan. Il en a été de même en face, là-bas, dans les bas-fonds de Drâa Lahrach, chez les Beni Iddou », se remémore-t-il dans la douleur. Il nous expliquera que le retour vers le village des premiers habitants s’est effectué au début des années 2000. Ils espéraient un accompagnement des pouvoirs publics sur le plan des services publics (eau, gaz de ville) et de la création d’emploi. Il n’en est rien. Même le transport n’est assuré que par ces fameuses « capsules » qui n’ont aucune forme de régularité. À part les chantiers temporaires de bâtiment ou de travaux publics où exercent certains jeunes à Sour El Ghozlane ou El Hachimia, aucune perspective ne se dessine pour des dizaines de jeunes qui piaffent d’impatience de se stabiliser et de fonder un foyer. Sur le flanc du talus de la route principale, une décharge sauvage constitue une écharde dans un paysage tout de verdure et à l’eau cristalline. En effet, ces détritus, qui s’amoncèlent un peu plus chaque jour, contrastent tristement avec la pinède entourant le village, l’une des plus belles de la région.

N.M.Taous

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