Le secteur du tourisme en stand-by

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Malgré des potentialités touristiques avérées comprenant des zones de montagne, comme la célèbre station de Tikjda et d'autres sites qui ne demandent qu'à être valorisés, la wilaya de Bouira peine à faire démarrer le volet de l'économie touristique.

Depuis 2010, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a lancé des études sur des sites jugés potentiellement porteurs, constituant déjà des destinations au tourisme traditionnel. La direction locale du tourisme a ciblé les localités de Tala Rana, Hammam Ksenna, Errich et Tikjda. Les bureaux d’études ont pris en charge les dossiers sous l’intitulé de zones d’expansion et sites touristiques (ZEST), en vertu de la loi n° 03-03 du 17 février 2003 relative aux zones d’expansion et sites touristiques. Cette loi définit une zone touristique comme « toute région ou étendue de territoire jouissant de qualités ou de particularités naturelles, culturelles, humaines et créatives propices au tourisme, se prêtant à l’implantation ou au développement d’une infrastructure touristique et pouvant être exploitée pour le développement d’au moins une sinon plusieurs formes rentables de tourisme ». En présentant les premières phases de ces études dans les années 2012 et 2013, les bureaux d’études ont fait un premier jet de délimitation et de plan d’aménagement. Les réserves qui ont été exprimées par le Parc national du Djurdjura et la conservation des forêts au sujet du site de Tikjda ont amené le bureau d’études à opter pour une zone en bas du premier site, à savoir Toumlinine. Ce qui a fait transformer le nom du site en ZEST de Tikjda-Toumiline. Cependant, les réserves ont été aussi exprimées au sujet des autres zones, particulièrement Tala Rana et Errich, du fait que la nature juridique du terrain relève de la propriété publique de l’État, sur le domaine forestier. La loi domaniale, en vertu de son article 4, déclare le domaine public de l’État inaliénable, imprescriptible et insaisissable (la fameuse règle des 3 « i »). Les zones touristiques projetées dans la wilaya de Bouira sont majoritairement assises sur ce genre de propriété. Seule la station de Hammam Ksenna échappe à cette situation du fait que son terrain est communal; elle est toutefois enserrée par le domaine public de l’État dès que l’on dépasse un rayon moyen de 500 m. La problématique de la propriété se pose dans le sens où les investissements et les aménagements proposés dans ces zones sont censés être réalisés par des particuliers, candidats aux opérations d’investissement. Il s’ensuit que des actes de propriété devraient être délivrés pour faire établir les permis de construction. Toute cette procédure ne peut pas, en l’état actuel de la législation, se faire sur des terrains relevant de la propriété publique de l’État. Après s’être confrontés à une telle situation, les responsables du tourisme semblent faire dans le « wait and see », du fait que les dossiers des premières ZEST sont gelés. Néanmoins, l’idée de l’exploitation du périmètre du barrage de Tilesdit (au piémont de Tikjda, dans la commune de Bechlou) à des fins touristiques semble reprendre vie. Elle a été lancée en 2009 par l’ancien wali, Ali Bouguerra. Cette même idée fait son cheminement, au sein du ministère du Tourisme, pour l’ensemble des grands barrages du pays. Cette fois sera-t-elle la bonne ?

N.M.Taous

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