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Les artistes manifestent

En réaction à ce qu’ils considèrent comme un profond mépris et une marginalisation dirigée contre la corporation artistique, culturelle et sportive, une trentaine d’artistes ont observé hier, un sit-in devant le siège de la wilaya. Brandissant des banderoles qui résument leurs doléances, ils exigent un responsable à la tête du théâtre communal Salah Sadaoui, dont ils dénonçaient la gestion « confiée aux gardiens ». Il y a deux ans, fait observer à ce sujet Rachid Harmoun, un chanteur chaâbi qui répétait sur scène, s’est vu expulsé des lieux. La raison ? Selon cet artiste, le fait qu’il travaillait après les heures de travail dérangeait les gardiens qui auraient envie de rentrer chez eux et pouvoir se reposer. Comme si ouvrir et fermer une structure culturelle exigeait des efforts. Mais ce chanteur qui a représenté la chanson algérienne en France en 2008 et obtenu, selon ses dires, différents prix nationaux aux festivals algériens n’a pas été seul à déranger. Il y a une semaine environ, c’était au tour de Hakim Abbès, prof de musique et président de l’association « Amraouia andalousia », de s’être vu fermer la porte du théâtre communal où il travaillait avec un groupe de jeunes talents. Le motif invoqué à l’appui de cette décision est risible, nous informait-on. Un enfant de 8 ans aurait oublié de fermer le robinet après usage. « Ridicule ! » commentait un manifestant. La crainte est qu’une expérience aussi prometteuse puisse s’arrêter à mi chemin à force d’obstacles accumulés. « C’est la crème des artistes qui est ciblée », s’indignait Zamoum Massi, un jeune guitariste. Et de citer en l’occurrence Djamel, un autre guitariste virtuose, Amar Ben Arbia, un chanteur chaâbi très connu et d’autres encore qu’on veut faire taire. Ainsi, le but de cette manifestation composée d’artistes, essentiellement, est avant tout comme il semble ressortir des propos de nombre d’entre eux, une réhabilitation morale de l’artiste longtemps marginalisé et méprisé. Confier la gestion des salles de spectacles à des gardiens qui n’ont jamais exercé de responsabilité est complètement irresponsable. Espérons que ce sit-in apporte les solutions aux problèmes posés aux artistes de la wilaya qui s’ingénient à rehausser son image de marque.  

Aziz Bey

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