«Je ne m'arrêterai pas à ce stade»

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Être poète n'est pas donné à tout le monde. Pour ce jeune homme de vingt-huit ans, qui a déjà à son actif plus d'une centaine de poèmes, le chemin est encore long, mais sa volonté et son amour pour cet art commencent déjà à le propulser dans l'arène des grands.

Après avoir obtenu le troisième prix du concours de poésie d’expression amazighe en hommage à Mouloud Mammeri, organisé par l’association culturelle Adrar n’Fad d’Ath Smail (Béjaia) du 26 au 29 mars dernier, Salah Louni, car c’est de lui qu’il s’agit, nous a accordé cet entretien pour revenir sur son parcours et bien sûr sur d’autres projets en gestation.

La Dépêche de Kabylie: Qui est Salah Louni ?

Salah Louni: Je suis né en 1987 dans le petit village Ath Amar Moussa (Ath Atella), dans la commune d’Ait Yahia Moussa, relevant de la daïra de Draâ El-Mizan. Après des études primaires, je me suis déplacé au CEM frères Oudni avant d’atterrir dans un internat au lycée Ali Mellah de Draâ El-Mizan où j’ai obtenu mon Bac en série Langues étrangères. Après des études supérieures à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, j’ai eu un DEUA en bibliothéconomie, puis une licence en langue allemande et actuellement je poursuis mes études en parallèle avec mon travail au CF de Tizi-Ouzou pour obtenir une licence en langue anglaise.

Revenons maintenant à la poésie. Comment avez-vous atterri dans cet art ?

J’ai commencé à composer mes premiers vers à l’âge de onze ans. J’aimais surtout les sonorités des poèmes en arabe et en français qu’on apprenait à l’école. Et puis aussi, même étant encore enfant, j’écoutais des chansons en kabyle. Au fil du temps, je suis comme quelqu’un habité par les vers. Eh bien, j’ai continué à écrire au collège et au lycée. Mais, c’est à l’université que j’ai commencé à aller vers la perfection. Je lisais alors tous les styles, aussi bien la poésie en vers qu’en prose.

Salah Louni compose dans le nouveau genre. N’est-ce pas ?

Effectivement, vous avez raison. Actuellement, il y des styles nouveaux. Il y a le didactique et le scientifique. Pour celui-ci, je vous donne par exemple la transplantation d’organe en tamazight « tuzzut n’igmanen ». C’est un poème qui traite par exemple du système LMD, avec des mots scientifiques qui décrivent ce système. Il y aussi le didactique. Là j’ai composé un poème sur l’Amour (Tayri) en utilisant des termes grammaticaux par exemple je t’ai aimé au passé composé je t’aime au présent et je t’aimerai au futur et bien d’autres tournures. Dans cet amour grammatical, je vous citerai  » ger thayrim at yayrri n’tira » en français, je l’ai traduit de la sorte « entre ton amour et l’amour de l’écriture ». J’ai composé aussi en français (Entre un amour classique et un cœur LMD),  » Le retraité d’Amour » traduit en anglais.

Dans quelles langues écrivez-vous?

J’écris en langues française, amazighe, arabe et allemande.

Comment qualifiez-vous votre participation au concours de poésie organisé à Ath Smail?

Pour moi, c’est un grand rendez-vous de grands poètes. Et être récompensé par un jury de haut niveau comme Kamel Bouamara, Rabhi Allaoua, Meksem Zahir, Ayad Salim, Bellache Takfarinas, Ighit Mohand Ou Ramtane, Ouatah Lynda, est un grand honneur. J’ai participé avec deux de mes poèmes lus devant l’assistance. Quand le jury a prononcé mon nom pour le troisième prix, j’étais aux anges et je n’ai pas pu retenir mes larmes. Vraiment, ce troisième prix qui m’a été décerné m’encourage à aller de l’avant, car j’ai compris quand même qu’il y a des grands qui apprécient mon travail.

En plus de cela, comment voyez-vous ce Festival ?

Je considère que cette treizième édition à laquelle j’ai participé a été une grande réussite grâce aux organisateurs qui ont concocté un programme très riche, en invitant par exemple Malika Domrane, Ouazib Mohand Améziane et bien d’autres conférenciers, à l’image de M. Ali Syad, madame Malika Fatima Boukhelou, madame Ouatah Lynda, Suzzane Gouchot, Djamel Iftene,… Ils ont présenté des thèmes autour de  » paroles de femmes », les figures féminines dans l’œuvre de Mammeri et Urar nTlawin. 

Sans être curieux, qu’est-ce qu’on vous a donné comme prix?

La valeur du prix n’importe pas pour moi. Ce qui est important est d’avoir côtoyé durant ces trois jours ces grands messieurs et ces grandes dames de lettres. Encore une autre chose: nos poèmes seront diffusés sur BRTV avec des clips en guise de reconnaissance.

D’autres projets?

Je vais m’atteler à des traductions. Je commencerai par traduire en tamazight « Manuel du guerrier de la lumière » de Paolo Coelho, quelques poèmes de Goethe, et je prépare aussi une toponymie des lieux d’Ait Yahia Moussa en tamazight. Comme je vais éditer un recueil de mes poèmes.

Votre mot de la fin?

Je vous remercie pour cet entretien et je remercie aussi votre journal qui nous ouvre ses colonnes, sans oublier les membres de l’association Adrar N’Fad. C’est cela la culture. En tout cas, Salah Louni ne s’arrêtera pas à ce stade. Dans la vie, il faut être ambitieux et lutter toujours contre vents et marrées.

Amar Ouramdane

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