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«Une région sympathique avec des gens sympathiques»

Artiste plasticienne de talent, Suzanne Gouhot est passée par les Beaux-arts de Grenoble, l'Université Paris 8, et a fait carrière comme professeur certifié des arts plastiques. Elle a créé son premier atelier de pratique artistique en 1968, à Mâcon (région lyonnaise) ; elle a exposé ses œuvres en France, au Maroc et en Algérie.

Elle est fondatrice et présidente de l’association Safa 71 (rencontres et échanges culturels avec l’Algérie) de 1995 à 2007. Suzanne Gouhot a gardé de forts liens amicaux en Kabylie et particulièrement dans la région d’Ait-Smaïl, où elle est devenue une habituée du Festival de la poésie d’expression amazighe depuis 2010. En marge de la 13e édition de ce Festival organisée du 26 au 28 mars passé l’artiste a eu l’amabilité de répondre à nos questions.

La Dépêche de Kabylie: comment fut votre premier contact avec le Festival ?

Suzanne Gouhot : Ma première présence et participation au Festival de poésie à Ait-Smaïl a débuté en mars 2011. Mais à vrai dire, ce que je considère comme une belle histoire et aventure a commencé en juillet 2010 avec le Festival « Racontes-Arts » et la 3e Fête de la poterie. J’avais découvert, à la fois, la région, le Festival, le village avec ses habitants, la maison de jeunes avec tous ses équipements,…

Parlez-nous du projet que vous avez initié ici, à Ait-Smaïl

Avant de venir, j’avais élaboré en France un avant-projet intitulé « Entre ciel et terre, la poésie est un cadeau ». C’est grâce au soutien et à la collaboration de plusieurs personnes que j’ai pu réaliser, même au-delà de mes espérances, ce projet plutôt complexe, car il était construit en plusieurs phases et en différents lieux (le dedans et le dehors, le visible et le caché) ; il était axé sur les notions de la symbolique du cadeau et le rôle de la poésie et des mots.

Pourquoi avoir choisi des enfants pour réaliser ce projet ?

Depuis 2011, je travaille en continuité avec le même groupe d’enfants. Mon premier objectif était de faire rencontrer les poètes du festival avec les enfants du village, une rencontre croisée entre une expression picturale et une expression poétique et littéraire. Aussi, « ce sont les enfants qui marquent le temps », je reprends là les paroles d’un ami artiste. Mon projet était destiné pour des enfants âgés entre 8 et 15, mais à mon arrivée, ce sont de très jeunes enfants qui se sont présentés. Je n’évoquerai pas les difficultés accrues par le problème de communication ; car, l’art à travers ses spécificités constitue le meilleur facteur de dialogue, de communication et de compréhension mutuelle. Au bout de quelques jours de travail, la magie de l’art a opéré et la symbiose s’est installée, alors nous avons réalisé un très bon projet qui avait plu à tout le monde. À la fin, chaque poète avait choisi un dessin pour écrire son poème dessus, une façon de faire participer des enfants à cette manifestation d’adultes. Ce fut de très beaux moments de rencontres improbables mais possibles entre poésie, aquarelles et dessins d’enfants.

Le lieu où vous vous êtes installée (la maison de jeunes) était-il adapté à votre travail ?

Il faut tout le temps s’adapter à l’endroit où l’on travaille. J’ai toujours le souci de prendre en compte les particularités des lieux où je m’installe. Il me faut trouver une cohérence avec eux, définir l’esprit du lieu. Au-delà de l’aspect fonctionnel de l’endroit où je m’y trouve, je peux trouver beaucoup d’autres sens qui interfèrent. Cela renvoie à la vue, à la vision, au regard, à la lumière. Le tout dégage une ambiance que je prends en compte.

Quelle est votre impression sur la région et le Festival ?

Une région sympathique avec des gens sympathiques ; malgré que je viens depuis 2010, j’ai encore tout à découvrir, que ce soit au niveau des paysages, villages, endroits secrets, histoires qui se racontent ou Histoire avec un grand H. J’imagine, juste un peu, ce que j’ignore …..

Quant au Festival, il est pour moi lié au lieu, à l’endroit où j’ai le privilège d’installer, atelier ou exposition en toute liberté. L’ensemble de ses infrastructures deviennent chaque mois de mars un symbole fort, important, celui d’une culture intemporelle et universelle-avec un socle de traditions- poésie d’expression orale-déclamée- et d’expression écrite dans une langue que je trouve magnifique. Cet univers poétique et artistique est une richesse pour Ait-Smaïl et j’espère que cette manifestation pourra se perpétuer longtemps encore et marquer en profondeur les esprits de tous.

Un projet pour l’édition de 2016 ?

Nous avons, moi et les enfants, évoqué le thème et l’activité pour 2016, ce sera bien différent ; la proposition convient, mais cela restera secret jusqu’à l’année prochaine. Enfin, je remercie tous ceux que j’ai rencontrés, ainsi que la famille qui m’accueille chaque année à Ait-Smaïl et je remercie votre journal de m’avoir donné l’occasion de parler de mon travail ici, ainsi que pour m’avoir permis d’exprimer mes impressions.                

Entretien réalisé par: Saïd M. 

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