L’actualité médiatique internationale est dominée ces trois derniers jours par l’hécatombe des Harragas en Méditerranée.
D’un côté il y a eu l’affaire des douze chrétiens jetés par-dessus bord en pleine mer par d’autres harragas, causant leur noyade et leur mort, de l’autre, il y a eu ce chavirement d’une embarcation qui transportait quelque sept cents migrants clandestins à destination de l’Europe. L’événement a été pour une fois, jugé suffisamment important par l’Union Européenne pour déclencher une série de réunions pour essayer de trouver des solutions urgentes, surtout que la saison des grands mouvements migratoires clandestins arrive, à la faveur de la fin de l’hiver et du début des saisons printanière et estivale. Ainsi, des milliers de migrants africains, syriens, irakiens, afghans et aussi nord-africains, dont des libyens, tunisiens et algériens, sont tentés par l’aventure. Le mal être, les conditions de vie matérielles, morales et spirituelles poussent des jeunes et des moins jeunes à risquer leurs vies pour tenter l’aventure sur l’autres rive de la Méditerranée. Malheureusement, et c’est souvent le cas, l’aventure finit mal, et la mer devient leur tombeau. Pour tenter de sensibiliser les jeunes à cette problématique, la télévision nationale a décidé de programmer en prime time, les jeudi et vendredi prochains, sur Canal Algérie, le film de Moussa Haddad, « Harragas Blues ». Ce long métrage a été tourné en 2013, et raconte l’histoire de deux jeunes algériens tentés par l’aventure de la Harga. L’un d’eux franchira le pas et s’engagera avec d’autres grâce à un réseau de passeurs professionnels, dans la traversée de la Méditerranée vers l’Espagne. Le film démonte ainsi, scène après scène, le mécanisme des réseaux clandestins, et ceux de la construction du rêve de l’Eldorado européen pour ces milliers de jeunes qui ne sont pas satisfaits de la vie qu’ils mènent dans leur pays. Sur fond d’histoires familiales, d’affaires de cœur et de business, les personnages vont incarner avec force et conviction les rêves et les projets des véritables harragas qui risquent leurs vies car, disent-ils, n’ayant plus rien à perdre. Tenter le tout pour le tout semble être leur seule issue de sortie. Mais en existe-t-il d’autres ? C’est le thème de ce film impressionnant, réalisé par l’un des géants du cinéma algérien, qui a mis toute son expérience et son cœur dans la réalisation du film qui est programmé ce week-end. La productrice Amina Bedjaoui-Haddad, dans une interview croisée avec le réalisateur du film, Moussa Haddad, nous a même exprimé sa surprise sur la programmation subite de la diffusion de leur film. L’actualité a précipité les choses, et ils souhaitent que le maximum de téléspectateurs puisse en profiter. Actuellement, l’ENTV est en train de diffuser la bande annonce du film pour toucher un maximum de personnes et assurer le meilleur audimat possible.
N. Si Yani