«L’enseignement de tamazight est décousu»

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«La responsabilité de la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe à l’échelle nationale incombe au ministère de l’Éducation nationale».

C’est du moins ce qu’a déclaré le secrétaire général du Haut commissariat à l’amazighité (HCA), M. Si El Hachemi Assad, qui s’exprimait, hier, au Forum de Liberté. «C’est au ministère de tutelle de s’impliquer pour régler les problèmes de l’ordre pédagogique et bureaucratique qui freinent la généralisation de l’enseignement de tamazight», a-t-il relevé. «Engager des réflexions sur l’officialisation de tamazight ne dépend pas du HCA mais relève des hautes instances du pays», a-t-il encore expliqué. Tout en indiquant que « l’enseignement de tamazight est décousu», le SG du HCA déplore le fait que «la situation quant à la promotion de cette langue est amère». De ce fait, la même source plaide pour la mise en place d’une instruction claire impliquant les directeurs de wilayas dans le travail de sensibilisation. En ce qui concerne, en outre, le programme de recrutement tracé par la tutelle, le HCA, par la voix de son secrétaire général, constate avec regret que « la place réservée à tamazight est insignifiante, ce qui ne traduit pas la feuille de route du HCA». Selon M. Si El Hchemi Assad, la langue amazighe s’est vue attribuer 104 postes sur 3 400 postes annoncés par la tutelle pour l’enseignement secondaire, 57 postes pour le primaire sur les 9 012 postes budgétaires. Le nombre total de postes budgétaires dégagés pour tamazight est, selon lui, de 205 postes sur les 19 262 postes annoncés par le département de Nouria Benghebrit. Un quota jugé insuffisant par le SG du HCA qui estime que « cela dénote de la place de la langue amazighe dans cette politique de recrutement du ministère de tutelle». Sur ce dernier point, M. Assad estime qu’il est impératif de rediscuter la place de tamazight. Il a, par ailleurs, exprimé sa satisfaction quant à l’octroi de postes budgétaires pour tamazight dans quatre nouvelles wilayas (Adrar, Tlemcen, Aïn Defla et Illizi). À une question, si la tutelle peut rendre l’enseignement de tamazight obligatoire, le SG du HCA a répondu par l’affirmatif, mais pour l’instant, a-t-il souligné «l’enseignement de tamazight doit être obligatoire pour l’élève qui s’inscrit au primaire. Pour lui, la généralisation de l’enseignement de tamazight permettra de revoir à la hausse les postes affectés à la langue amazighe puisque le nombre d’enseignants est de 2 109. « C’est insuffisant ! Ce n’est pas avec ce nombre qu’on fera la généralisation», a-t-il regretté. La généralisation de l’enseignement de tamazight permettra également, poursuit la même source, « de régler la problématique de la graphie et du caractère facultatif qui se pose toujours». Pour lui, il est temps de faire un bilan sur l’introduction de la langue amazighe dans le système éducatif. L’Objectif du HCA est de sortir du CAP de 11 wilayas dans lesquelles tamazight est enseignée. M. Si El Hachemi Assad dira dans ce sens que c’est le rôle de la commission mixte (ministère de l’Education nationale et le HCA) d’élargir la langue au delà des 11 wilayas. Il appelle, à cet effet, à la réouverture des classes de tamazight dont l’enseignement a été interrompu (Oran, Tipaza, Illizi, El Bayadh, Biskra et Ghardaïa). Au cours de la rentrée scolaire 2016/2017, le SG du HCA entend passer de 17 à 24 wilayas où tamazight est enseignée, par l’ouverture de nouvelles classes pilote à Tébessa, Blida, Adrar, Jijel et Naâma. À noter, en outre, qu’une réunion regroupera les représentants du HCA avec ceux du ministère de l’Éducation nationale, le 11 mai prochain.

L.O.Challal

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