La crise de l’eau au niveau de la wilaya de Bouira ne semble pas connaître son épilogue. Chaque jour que Dieu fait, les citoyens crient leur soif, sans pour autant qu’elle ne soit étanchée.
Des villages, voire des communes entières, ne bénéficient toujours pas d’une quantité suffisante de cette commodité de base. A l’heure où les pouvoirs publics martèlent à tue-tête que la «bonne gouvernance passe par une prise en charge des commodités de base des citoyens», à Bouira, l’eau qui est l’une, sinon la principale source de vie, se fait toujours rare. Certes des avancées ont eu lieu, mais elles restent très en deçà des attentes des populations.
De Bouderbala à Aghbalou, l’eau se fait rare
Dans bon nombre de villages à l’Ouest, au Sud comme à l’Est de la wilaya de Bouira, «l’Or bleu» n’a jamais autant bien porté son nom. Un liquide si précieux et rare! Les exemples ne manquent pas afin d’illustrer la détresse et le désarroi des citoyens. De Boukram à Bouderbala, en passant par Kadiria et Lakhdaria, en allant vers El Maamaoura, El Hadjra Zargua et Taghdit, en enfin Ath Mansour, Bechloul, Ath Rached et El Adjiba, sans oublier la commune d’Aghbalou, à l’extrême Est de la wilaya, toutes ces communes connaissent une véritable pénurie d’eau potable. Dans la commune de Bouderbala, et plus précisément les localités d’Akboub, Drablia et Tala Ougouni, l’eau manque cruellement et oblige les citoyens à parcourir des dizaines de kilomètres, dans le but de se ravitailler en eau de source. Cette tâche fastidieuse, s’il en est, incombe aux enfants qui s’occupent de l’acheminement de cette denrée vitale. Aucune habitation n’est malheureusement équipée de tuyauterie et de robinets. Les populations s’alimentent en eau potable à partir de fontaines publiques. Idem au niveau des localités de Slala, Ghadioua et El Morhania, relevant de la commune de Kadiria. «Nous souffrons de ce problème depuis plus de dix ans, l’eau n’arrive que rarement dans les robinets, soit deux à trois heures par jour, alors que notre localité se situe à quelques vingtaine de kilomètres du barrage de Koudiat Asserdoune, qui alimente la majorité des communes du Sud et de l’Ouest du chef-lieu», s’offusquent certains villageois. Dans la commune d’Ahnif et plus exactement au village de Bouremal, le rationnement drastique de l’eau vaut au villageois une alimentation en eau à raison d’une journée sur trois, et ce «lorsque l’eau est disponible», indiquent certains habitants, qui diront dans la même veine : «Pour combler le déficit, nous sommes obligés d’acheter des citernes d’eau que nous payons entre 600 et 800 DA !». Dans la commune d’El Adjiba, les villageois de Tizi Mouhache souffrent eux aussi d’un manque chronique en eau. «L’eau est devenue un rêve pour nous, et ce, malgré que notre village se situe à quelques kilomètres du barrage de Tilesdit qui alimente plusieurs localités et d’autres wilayas limitrophe de celle de Bouira», indiquent-ils. D’autres soulignent le fait que leurs robinets sont à sec, été comme hiver. «La rareté de l’eau n’est pas un fait nouveau pour nous (…) on souffre en silence. Hiver comme été les jours se ressemblent, la pénurie de l’eau existe et continue d’exister sans la moindre intervention des autorités concernées qui, à chaque fois, promettent des solutions qui jusqu’à ce jour tardent à venir. Car sans eau, je ne vois pas comment peut-on survivre», diront-ils. Le même constat peut être fait du côté d’Aghbalou, où les citoyens continuent encore et toujours de s’apprivoiser en camions-citernes. Des pages entières ne peuvent suffire pour décrire la détresse des citoyens, qui se disent abandonnés par les autorités. Et du côté de ces dernières, que fait-on pour tenter d’améliorer le quotidien de ces citoyens ? Des projets sont-ils en cours, dans le but d’étancher la soif de ces populations ? Et bien, à dire vrai, l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens pour tenter de raccorder tous les foyers de la wilaya au réseau d’AEP. Des sommes antinomiques ont été dispensées.
Mais… Car, il y a un Mais (comme toujours), ces projets tardent à se concrétiser.
Projet des grands transferts : un chantier qui s’éternise
En effet et en termes de réception des projets liés à l’hydraulique, les autorités de la wilaya de Bouira, à leur tête le premier magistrat de Bouira, M. Nacer Maaskri, ne sont pas très à cheval sur les délais. Ainsi et à propos du projet des grands transferts d’eau potable vers les communes de la partie Est de Bouira, à partir du barrage de Tilesdit (Bechloul), le chef de l’exécutif de Bouira avait déclaré en 2013 qu’il sera réceptionné en mars 2014. Plus d’une année plus tard, ce chantier est « toujours en cours », selon les responsables de la direction de l’hydraulique de Bouira. Ces derniers, faut-il le souligner, ne sont pas très prolixe en matière d’information à ce sujet. D’ailleurs, cette direction est dépourvue d’un attaché de presse digne de ce nom. Néanmoins et d’après certaines indiscrétions émanant de la direction de l’hydraulique de Bouira, ce projet des grands transferts devrait être réceptionné d’ici le mois de septembre prochain, c’est-à-dire bien après la saison estivale. A titre indicatif, ce chantier qui a été lancé en 2012, pour un coût estimé à plus de six milliards de dinars, porte sur la réalisation de 17 nouveaux réservoirs de 2 000 à 5 000 m3, destinés à l’alimentation de plus de 200 000 habitants des communes d’El-Adjiba, Ahnif, M’Chedallah, Chorfa, Ath Mansour, ainsi qu’une partie de la commune de Bechloul. Force est de constater que les populations de ces communes passeront encore une fois un été sans eau. En effet, ce projet, qui devait initialement être achevé pour le mois d’août 2014, accuse un retard certain. Comme chacun le sait, le respect des délais n’est pas le point fort des entreprises réalisatrices, puisque les différents réservoirs tardent à voir le jour et, par conséquent, cela prolonge le calvaire des citoyens. Cet état de fait a poussé M. Maaskri, wali de Bouira, lors de ses innombrables sorties d’inspection, à hausser le ton et insister fortement sur le respect des délais, tout en prenant en charge, «rapidement», d’éventuelles oppositions des citoyens. Parmi les chantiers en latence, on citera la station de pompage SP1, qui, d’après les maîtres d’ouvrage, pourra pomper jusqu’à 5 000 m3/s. Toutefois, elle enregistre et accumule un retard de plus de 8 mois sur le délai initial. Toujours dans la commune de Bechloul, les travaux de réalisation d’une autre bâche d’eau (5000 m3) de la station de traitement du barrage Tilesdit connaît également un retard de 7 mois.
Régions Sud : bientôt la délivrance
Pour ce qui est des régions Ouest et Sud de la wilaya, les autorités concernées tablent sur le mois de juin prochain pour alimenter certaines localités. Ainsi et d’après le wali de Bouira, «L’eau coulera à flots avant le mois de Ramadhan». «Des décisions ont été prises afin que d’ici le mois de carême, tous les foyers de la commune de Souk El-Khmis et les localités avoisinantes seront raccordés au réseau d’AEP. Je m’y engage personnellement», avait-il déclaré récemment. Par ailleurs et d’après le directeur de l’hydraulique de Bouira, il existe quatre stations de pompage qui sont en cours de réalisation, dont certaines en «voie d’achèvement», à travers le territoire de la wilaya. La station principale (SP4) qui se trouve du côté de la commune de Djebahia, devrait être mise en service, selon le chef du projet, au plus tard à la mi-juillet prochain. D’une capacité de 3 353 litres/seconde, elle alimentera les communes d’Aïn Bessam, El Hachimia, Raouraoua et Dirah. D’autres SP (la SP6, SP9 et SP10) à Aïn Türk, Raouraoua et Sour El-Ghozlane, sont en cours de réalisation et devront, d’ici le 1er semestre 2015, alimenter les foyers des sept communes qui sont Khabouzia, Raouraoua, Bir Ghbalou (ouest), Hakimia, Dechmia, Ridane, Maâmoura et Dirah (sud), le tout pour un coût de 240 millions de dinars. Des déclarations fort rassurantes, mais reste à savoir si ces engagements vont être tenus ?
Ramdane Bourahla

